« Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Si cette phrase ne figure dans aucune des œuvres publiées de Malraux, elle a fondé une part de la série télévisée qui lui a été consacrée par Claude Santelli et Françoise Verny : “ La Légende du siècle (1972-1973) ”. Il s’agissait d’un espoir prophétique et visionnaire. Malraux laissait entendre qu’entre le retour du religieux, la vogue des sectes, la quête de sens et d’éternité, toutes les voies, individuelles ou collectives, seraient possibles comme antidote au matérialisme sous toutes ses formes.
Le problème est que nous n’en sommes plus là : le XXIe siècle n’est pas religieux : il est radicalement religieux car l’extrémisme a imposé ses paradigmes. Dans un monde qui s’est dangereusement radicalisé, seuls les athées et les agnostiques sont silencieux, réfléchis, ouverts, non dogmatiques. Les religieux, pour leur part, n’y sont jamais allés avec le dos de la cuiller, ce depuis des siècles. Les Français se souviennent à juste titre de la Saint-Barthélémy, mais cela les empêche de conserver en mémoire le plus grand massacre de tous les temps, qu’aucun livre d’histoire n’aborde au collège ou en lycée, celui de 80 millions d’Indiens par des musulmans entre l’an 1000 et le XVIe siècle, le premier génocide de l’histoire de l’Humanité perpétré par Mahmoud de Ghaznî et ses successeurs.
Plus tard, les historiens diront s’il y a eu parfaite concomitance entre la prise de pouvoir par le capitalisme transnational financier et le retour en force du religieux, si la prolifération des sectes fut un contre-poison au matérialisme ou si, au contraire, les spiritualités débridées et mortifères accompagnèrent et confortèrent le bouleversement politico-économique commencé au début des années 1980. Le paradoxe étant que le monde est à la fois unifié par le “ libéralisme ” et éclaté par des identités religieuses de plus en plus hostiles et antinomiques. Pour Régis Debray, la volonté d’affirmer sa différence, de ne se référer qu’à des repères identitaires, répond au vide d’un monde uniforme, technique, où tout est interchangeable.
Dans un ouvrage remarquablement documenté – quoi qu’en ait son sévère préfacier Farhad Khosrokhavar – Pierre Conesa décortique tous les fanatismes identitaires qui ont ravagé les solidarités entre les groupes et, même, à l’intérieur des groupes. Désormais, le radicalisme religieux instrumentalise le politique. L’auteur en donne d’innombrables…
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Auteur: Bernard GENSANE Le grand soir