Pinochet, Thatcher, Friedman… « La Stratégie du choc » se joue au théâtre

Culture et idées

L’air est électrique. Des bruits de décharge retentissent sur la scène. Un angoissant fond sonore enveloppe une comédienne allongée sur le sol. Elle filme son pied, son mollet, sa main, son visage hagard. La vidéo est projetée sur l’une des toiles blanches du décor. L’image d’un corps en souffrance qui a connu les pires tortures. La victime s’appelle Gail Kastner, une Canadienne qui a subi des électrochocs pour soigner sa dépression durant les années 1970. Un traitement expérimental pour « reprogrammer » le cerveau des gens, financé par l’agence étasunienne de renseignements, la CIA.

Les premières minutes du spectacle « La Stratégie du choc », adapté du livre éponyme de l’essayiste américaine Naomi Klein, nous plongent immédiatement dans l’ambiance. Celle d’un ouvrage imposant tant par sa taille (861 pages) que par sa théorie. L’essayiste américaine analyse comment les désastres (naturels ou politiques) conduisent à des chocs psychologiques qui permettent d’imposer des réformes économiques ultralibérales à des populations totalement anesthésiées.

Les grands instigateurs de ce « capitalisme du désastre » sont les personnages principaux du spectacle mis en scène par des élèves de l’École supérieure d’art dramatique (Esad) de Paris pour leur spectacle de fin d’études. D’abord Milton Friedman, l’économiste américain, fondateur de l’école de Chicago, un courant économique qui promeut la liberté absolue du marché. Il est joué par une comédienne à la diction tranchante comme une politique néolibérale sur les services publics. Elle raconte l’histoire du crayon de papier, utilisée par Friedman pour vanter les bienfaits de la mondialisation économique.

Augusto Pinochet, Margaret Thatcher…

Second personnage phare de cette époque, Margaret Thatcher. Tailleur chic et talons hauts, la dame de fer du Royaume-Uni livre sur scène la bataille d’Orgreave (1984), l’un des conflits sociaux les plus importants de l’histoire du pays. Une grève des mineurs qui protestaient contre des suppressions d’emplois, durement réprimée par la police. Leur histoire résonne avec celle des mouvements sociaux du quinquennat d’Emmanuel Macron.

Dernier personnage en scène, sans doute le plus sanguinaire : Augusto Pinochet. Le dictateur chilien arrive en slip, drapé d’un morceau de tissu et coiffé d’une casquette militaire. Sur scène, les comédiens s’interrogent : comment jouer un homme qui a fait régner la terreur sur le Chili pendant…

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Auteur: Laury-Anne Cholez Reporterre