Pistes et problèmes pour la révolution aujourd’hui

La révolution a toujours constitué une énigme : comment les classes exploitées économiquement et dominées politiquement pourraient renverser la bourgeoisie, une classe dotée de tous les pouvoirs ? Cette énigme se trouve évidemment renforcée dans le contexte présent par la faiblesse de la gauche révolutionnaire et du mouvement ouvrier dans son ensemble, même si on a vu surgir depuis une dizaine d’années des mouvements radicaux, voire des soulèvements, qui ont réussi à déstabiliser les pouvoirs en place et, parfois, à faire tomber des régimes dictatoriaux, sans pour autant parvenir à aller plus loin dans le sens d’une véritable rupture avec l’ordre ancien.

Patrick Le Moal reprend dans ce texte certains des débats du 20e siècle autour de la question révolutionnaire, en l’ancrant dans le contexte présent d’une offensive capitaliste tous azimuts visant à briser toutes les conquêtes de la classe travailleuse. Il revient en particulier sur la question du rôle que pourrait jouer une organisation politique aujourd’hui, notamment pour modifier les rapports de force en faveur des exploité-es et des opprimé-es.

***

Il s’agit de prendre au sérieux la perspective d’une transformation révolutionnaire de la société au-delà de la proclamation de sa nécessité, dans un pays comme le nôtre, avec des institutions internationales, un appareil d’État puissant, une bourgeoisie forte et structurée, des institutions bourgeoises bien installées, ce qui suppose de formuler des « hypothèses stratégiques ». Et il s’agit dès lors de réfléchir à quel type d’organisation est adaptée aujourd’hui à cette perspective, ce qui est souhaitable et ce qui est possible. Chacune de ces pistes mériterait de bien plus amples développements. Proposer un cadrage de ce que l’on doit discuter est une manière de commencer.

Sur ces questions, on risque toujours d’avoir une révolution en retard, si l’on réfléchit seulement à partir des expériences passées ; et en même temps on ne peut faire l’économie des bilans.

Celui du 20e siècle est implacable pour le marxisme vulgaire : les révolutions victorieuses se sont produites dans des pays majoritairement paysans. Ce n’est donc pas le caractère majoritaire du prolétariat, son augmentation continue, sa concentration, qui déterminent mécaniquement la disparition du capitalisme, sa relève par le socialisme, pas plus que les crises, les guerres, les catastrophes dans lesquelles le capitalisme précipite la société. Ce n’est pas parce que le…

La suite est à lire sur: www.contretemps.eu
Auteur: redaction