Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne prévoit un plan massif de 500 milliards d’euros d’investissement dans l’énergie, l’armée et les infrastructures. Un changement de paradigme en opposition avec la philosophie ordolibérale du « frein à la dette » et de maîtrise du déficit. Une décision pour l’Histoire ?
Un tournant majeur se dessine en Allemagne. Conservateurs, sociaux-démocrates et écologistes sont parvenus à un accord sur une réforme du « frein à la dette » – ou Schuldenbremse en allemand – et la création d’un fonds d’investissement de 500 milliards d’euros. Cet accord, obtenu après des négociations tendues, marque une rupture avec la politique budgétaire stricte qui a prévalu ces dernières décennies.
Le futur chancelier Friedrich Merz a su rallier les écologistes en leur concédant qu’un cinquième du fonds, soit 100 milliards d’euros, serait consacré à la transition écologique. En contrepartie, ceux-ci ont accepté de lever leur opposition à l’assouplissement du Schuldenbremse inscrit dans la Constitution. Ce compromis ouvre la voie à l’utilisation d’un « bazooka budgétaire » permettant de financer des investissements importants dans les infrastructures, la défense et l’énergie.
Remise en question des dogmes budgétaires
Depuis la crise financière de 2008, l’Allemagne s’est distinguée par une rigueur exemplaire, enregistrant certaines années des excédents « jumeaux », aussi bien fiscaux que sur la balance des paiements. Cette discipline lui a permis de réduire sa dette, tant sur le plan national qu’international.
OCDE
Le contexte géopolitique et économique actuel pousse Berlin à revoir sa stratégie. La…
Auteur: Serge Besanger, Professeur à l’ESCE International Business School, INSEEC U Research Center, ESCE International Business School