Plastic de grève

plastic de grêve · la mouette

La mouette nous suit. Cela fait plusieurs jours. Elle tourne autour de lui, l’auréole de ses piaillements amoureux. Le drone ronronne. Avec sa gueule de factice, il me surveille.
Je suis en liberté conditionnelle, ils ont dit ça comme ça.
Ou alors c’était moi, je ne sais plus. La condition c’est lui. Il me suit. Il me regarde, il est témoin de tous mes va-et-vient.
Je suis moins seule maintenant. Je lui raconte tout de moi. Je m’offre à son regard désincarné. Je crois qu’il m’aime vraiment. Il est certain, il me rassure. Il réalise le film de ma vie.
La mouette insiste aussi, elle est là chaque jour. Elle bouscule le drone. Elle le pique, il dévie, elle raille.
Ce jour-là, le ballet aérien s’intensifie. Elle persévère, la condition explose. Une brume fugace de poussière catadioptrique m’enveloppe. J’aperçois une fleur en plastique au bord d’un arc-en- stèle. Je reste bien immobile, sidérée, un peu. Je suis seule. La mouette est partie, j’avance un pied hésitant, puis l’autre, confus. Je vacille, je chute ou je me redresse. Je ne sais plus. Je doute. Je me dis que je vais essayer comme ça. Ou apprivoiser des mouettes. C’est bien, ça.

plastic de grêve · floutage de zbeul

La surveillance c’est mon dada, je déboulonne des caméras. Toutes les nuits je fais ça, c’est plus fort que moi.

Dans le service je suis oeil de flou, des yeux à vue et là je bous. Manifestant reconnaissable, tu masques pas, je renverse la table. Floutage de zbeul je préconise, mets-moi du blur ou je pique une crise.

Nous on protège le citoyen.
Que ta tronche tombe dans de mauvaises mains, l’Etat veut pas, nous on est là.
Brigade flouteurs, on n’a pas d’heure, sur H 24, on se met en 4.
Les pacifistes, les bordéliques, on floute la clique, tout sauf les flics.

Mais le service est débordé, on a beau délocaliser.
Il y a toujours plus de caméras, avec les drones, ça fait tout ça.

La direction veut pas recruter, le beau service je veux pas couler. La solution c’était tout vu et à la source je réduis les flux.

La surveillance c’est mon dada, je déboulonne des caméras. Toutes les nuits je fais ça, c’est plus fort que…

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Auteur: lundimatin