Détruire des espaces naturels et des terres agricoles pour faire place à du goudron, des logements et des commerces : c’est le prix à payer quand on veut développer une commune, voir la population s’y épanouir, et les entreprises y créer des emplois. Ainsi pourrait-on résumer l’approche d’une urbanisation créatrice de croissance, approche « pragmatique » régulièrement défendue par les élus auxquels on reproche les conséquences environnementales de leurs politiques d’aménagement.
Si l’on suit cette logique de croissance, il est inconcevable que ces communes dont les zones urbaines se sont étendues perdent des habitants et des emplois… Près de la moitié des communes littorales ont réussi leur pari : les zones urbanisées se sont étendues (au moins 5 %), tout en gagnant des habitants. Il s’agit le plus souvent de villes-centre ou de communes composant une grande agglomération comme Lorient, Brest ou Vannes.
Mais le développement local ne sort pas, comme par miracle, des bétonnières. Elles pourraient même avoir précipité le déclin de certains villages de la côte, comme le révèle Splann !. Ce constat est le résultat d’un travail inédit de recoupement de données d’urbanisme et de démographie de ces dix dernières années sur le littoral breton VOIR BOITE NOIRE.
L’échec de l’urbanisation pour attirer des habitants
Sur la « côte des légendes », dans le nord Finistère, Kerlouan a succombé au mirage des permis de construire. Les zones urbanisées de la commune se sont étendues de 25 hectares en 10 ans. Résultat : en 2021, elle comptait près de 200 habitants de moins qu’en 2014. Depuis un siècle et demi, les Kerlouanais n’ont jamais été aussi peu nombreux. Les cours des écoles sont plus calmes, désormais : l’effectif global, de la maternelle au CM2, est passé de 148 en 2015 à 80 à la rentrée 2023. Et malgré les promesses du tourisme, la commune a aussi perdu une…
Auteur: Denis Vannier, Jérémie Szpirglas