« Les agricultrices ont longtemps été des travailleuses invisibles, absentes des statistiques ; elles ne travaillaient pas, elles aidaient leurs maris. » Dans un rapport publié en 2017, six sénatrices faisaient le point sur « celles qui font le choix de la profession agricole ». « De manière significative, le mot ’’agricultrice’’ n’est entré dans le Larousse qu’en 1961 », soulignait la co-rapporteure. « Je ne fais pas grand-chose : juste la traite et la comptabilité ! » pouvait-on entendre à cette époque dans les fermes. Sauf que ce sont précisément ces compétences-là qui permettaient – et permettent toujours – aux exploitations agricoles de fonctionner.
Depuis un demi-siècle, les agricultrices ont conquis des droits, à commencer par un véritable statut. Elles représentent aujourd’hui un quart des cheffes d’exploitation, co-exploitantes ou associées contre 8 % en 1970. Derrière cette – très lente – féminisation, le métier d’agricultrice demeure particulièrement compliqué, les femmes y étant toujours confrontées à de nombreux obstacles.
« Il est clair qu’il y a un progrès en termes de droits sociaux, note Émilie Serpossian, consultante et formatrice indépendante sur les questions de genre et d’égalité professionnelle en agriculture. Pour autant, avoir le statut de cheffe d’exploitation ne signifie pas être aux manettes ni être reconnue dans son travail. Il existe une forte persistance d’une dissymétrie des pouvoirs dans les fermes. »
« Il est où le patron ? »
« Le regard d’une femme sur les choix d’orientation du système ne va pas être pris en compte à la même mesure que celui d’un homme », précise Emilie Serpossian. Dans la profession, les hommes ne prêtent toujours pas autant de crédit aux femmes qu’à leurs homologues masculins. C’est ce que raconte une bande dessinée publiée en 2021, « Il est où le patron ? » (éditions…
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Auteur: Nolwenn Weiler, Sophie Chapelle