« Police partout, médias nulle part »

Loin des règles du métier (vérification des faits et confrontation des sources), la presse paresseuse se contente de copier les discours institutionnels et de relayer les fake news préfectorales. Le « quatrième pouvoir », en panne, participe à l’impunité policière.

C’est une véritable faillite de l’appareil médiatique local. Le 7 mars 2020, pour l’acte 69 des Gilets jaunes, la police blesse gravement au moins 26 personnes en plein centre de Lyon. Le soir même, la presse locale et nationale titrera essentiellement sur les « 24 policiers blessés » et les commerces « saccagés par les black blocs ». La palme de l’indécence revient sans doute au Progrès qui, sur le coup de 19h, fait réagir les candidats aux municipales à propos de la « violence qui frappe nos commerces » (essentiellement des banques). Les pensées du journal (propriété du Crédit mutuel), comme celles des candidats, vont aux « familles des vitrines ».

« Pref quotidienne régionale »

À 19h donc, aucune mention du « carnage » dans Le Progrès. Les deux journalistes présents pour couvrir la manif mentionnent seulement deux blessés parmi les manifestant-es, au milieu d’un récit qui fait la part belle aux « dégradations » et autres commentaires préfectoraux sur Twitter. Ce n’est que plus tard dans la soirée que l’article sera mis à jour avec la mention de 20 blessés parmi les manifestant-es. Ce chiffre, repris d’une dépêche de l’AFP, cite une première estimation (basse) réalisée par le Comité le soir-même. Après avoir passé sous silence les faits, la « presse paresseuse » pourra (au mieux) renvoyer dos à dos les blessés des deux « camps », en n’oubliant pas de préciser que la préfecture n’admet, elle, que 3 manifestant-es blessé-es. Le hic, c’est que la préfecture a omis quelques précisions.

Fake news policières

Le Comité a pu se procurer un document policier : le « PV de contexte » de la manifestation. Seuls deux fonctionnaires sont annoncés comme blessés suite à des jets de projectiles entre 14h et 18h, durée de la manif. Puis, à partir de 18h30, chaque unité procède à de mystérieux « décomptes ». En une heure, 22 nouveaux blessés apparaissent sur le PV. Explication de ce miracle : 14 membres des forces de l’ordre, y compris la commissaire en charge des opérations, se plaignent d’ « acouphènes suite à tirs de mortier ». La CRS 29 dénombre à elle seule 9 acouphènes, une véritable épidémie, auxquels s’ajoutent un « choc au genou droit »…

La suite est à lire sur: www.acrimed.org
Auteur: Acrimed