Politiques meurtrières en Méditerranée : pour que cessent ces naufrages consciemment provoqués au large de la Tunisie

Mais alors que l’Union européenne ne cesse de donner davantage de moyens à la Tunisie pour surveiller ses côtes et tenter d’éviter ces drames, de plus en plus de preuves attestent que les garde-côtes tunisiens sont directement impliqués dans des manœuvres dangereuses ayant coûté la vie à de nombreuses personnes migrantes. Aux côtés d’autres organisations de la société civile tunisienne, le réseau Alarm Phone, ligne téléphonique d’urgence pour les personnes en détresse en mer, a collecté de nombreux témoignages, photos et vidéos publiées sur les réseaux sociaux mettant en évidence des comportements violents des autorités tunisiennes lors de leurs opérations d’interception en mer.

Coups de bâtons, coups de feu tirés en l’air ou en direction du moteur, attaques au couteau, manœuvres périlleuses en vue de faire couler les bateaux, demande d’argent en échange du sauvetage… les pratiques des garde-côtes tunisiens telles que rapportées par les personnes migrantes ayant eu affaire à eux sont plus qu’alarmantes. Ces pratiques tuent, comme cela a été le cas le mois dernier, lorsqu’un bateau de migrant.e.s a, selon les survivant.e.s, été violemment percuté par la Garde nationale tunisienne. Suite à cette attaque au large de la ville tunisienne Chebba, rapportée par divers médias, trois enfants sont morts noyés.

Cependant, la transformation de la route tunisienne en cimetière marin n’est pas uniquement imputable aux pratiques d’une poignée de garde-côtes malintentionnés. Ces pratiques s’inscrivent dans la continué d’un durcissement croissant des contrôles le long de cette route en vue de réduire à tout prix le nombre d’arrivées sur les côtes italiennes. Entre 2011 et 2022, 47 millions d’euros ont été alloués à la Tunisie par l’Etat italien pour le contrôle de ses frontières et des « flux » migratoires. La majeure partie de cette enveloppe a été consacrée à la fourniture de bateaux patrouilleurs aux garde-côtes tunisiens et à leur réparation. Ces dispositifs s’ajoutent à un accord de réadmission qui permet à l’Italie d’expulser des ressortissant.e.s tunisien.ne.s au rythme de jusqu’à quatre charters par semaine.

En plus de l’Italie, la Tunisie est prise dans un chantage migratoire avec l’Union européenne, laquelle a depuis plusieurs années identifié le pays comme un acteur clé pour le contrôle des traversées en Méditerranée. Après s’être attelée à verrouiller la route libyenne en finançant des milices chargées de renvoyer les…

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Auteur: IAATA