Politis : « Les médias indépendants sont fragiles, soutenez-nous »

Agnès Rousseaux dirige l’hebdomadaire Politis. Ce journal imprimé indépendant fait entendre depuis 1988 une voix de gauche au carrefour des problématiques sociales, écologiques et démocratiques.

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Reporterre — Vous venez de lancer une campagne de don pour « sauver Politis » et récolter 500 000 euros, que vous arrive-t-il ?

Agnès Rousseaux — Faire vivre un média indépendant n’est pas simple. Ces médias ont souvent une économie fragile. La presse imprimée a aussi des difficultés structurelles. Politis n’y échappe pas. Notre hebdomadaire s’en était plutôt bien sorti mais l’année 2021 a été très compliquée. Le prix du papier a augmenté de plus de 40 %. Notre présence dans les kiosques nous coûtait 100 000 euros par an ! De nombreux événements ont été annulés du fait de la crise sanitaire et les aides à la presse que nous avons perçues cette année ont aussi diminué de 15 %. À cela s’est ajoutée une érosion du nombre de nos abonnés. Aujourd’hui, la situation est critique, nous n’avons plus que quelques mois de trésorerie. Heureusement, depuis septembre, nous avons de plus en plus de lecteurs mais ce n’est pas encore suffisant pour revenir à l’équilibre. C’est pourquoi notre appel est vital. S’il n’y a pas de mobilisation massive et rapide de la part de nos soutiens, Politis va disparaître.



Avec cette somme, comptez-vous lancer de nouveaux projets éditoriaux ?

Oui, bien sûr. Politis a 33 ans et ce n’est pas la première fois que notre journal entame sa mue. Nous voulons être en adéquation avec les évolutions de la société. D’ici le printemps 2022, nous allons lancer une nouvelle formule et un nouveau site internet. Nous voulons rester un hebdomadaire imprimé, mais nous souhaitons réinterroger notre manière de couvrir l’actualité. On a l’impression de toujours lui courir après et ne jamais la rattraper, l’info s’évanouit… On aimerait consacrer plus de temps aux sujets de fond et lancer davantage d’enquêtes au long cours. Pour engager ces transformations, nous avons besoin de temps et de stabilité, c’est le but de cette campagne de dons.



En parallèle, nous assistons à une concentration inédite des médias et à une emprise de plus en plus forte de certains milliardaires sur la presse…

C’est très inquiétant, une dizaine de milliardaires possèdent la majorité de la presse française. 90 % des quotidiens nationaux publiés chaque jour en France sont entre leurs mains. La moitié de l’audience à la radio et à la…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre