Pollueur-payeur : les cigarettiers mis à contribution du nettoyage des mégots

Dans le cadre de sa loi anti-gaspillage pour une économie circulaire votée en février de l’année dernière, le Ministère de la Transition Écologique prévoit la mise en place d’une filière pollueur-payeur mégots. Le but : lutter contre la pollution des mégots en forçant les fabricants de cigarettes à prendre en charge le coût des opérations de nettoyage, via un éco-organisme agréé et contrôlé par l’État. L’objectif final, fixé à l’horizon 2027, est ainsi de réduire de 40% la pollution des plus de 23 milliards de mégots jetés dans la nature chaque année. 

Terminer sa cigarette, jeter son mégot et l’écraser du bout de sa chaussure, voilà un geste répété jour après jour par des millions de personnes partout dans le monde. Et pourtant, ce simple mouvement génère à lui seul une véritable catastrophe écologique. Retour sur quelques chiffres : 

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Un mégot de cigarette met environ 12 ans à se dégrader et peut à lui seul polluer jusqu’à 500 litres d’eau. Avec 15 millions de fumeurs en France et 1,1 milliards dans le monde, les chiffres montent vite et très haut. Ainsi, selon le centre d’informations sur l’eau (C.I.EAU), sur 137 milliards de mégots de cigarettes jetés au sol dans le monde chaque jour, 40% finissent dans les océans. En France, chaque année, se sont précisément 30 à 40 milliards de mégots jetés par terre, dont 40% échouent donc dans la nature. D’après une enquête publiée par NBC News en 2018, plus que les pailles ou les sacs en plastique, les mégots de cigarettes constituent le polluant le plus néfaste dans les océans. Le filtre de cigarette industriel contient en effet nombre de substances toxiques voire cancérigènes, qui contaminent à la fois l’eau, l’air, les sols et, par voie de faits : le vivant. En plus des dégâts infligés aux océans, ils sont aussi mis en cause dans des catastrophes écologiques : la négligence des fumeurs est à l’origine de près de 10% des incendies résidentiels et de forêt, la production de tabac est responsable de 5% de la déforestation mondiale, sans compter ses émissions de CO2 et l’acidification des sols.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Culture de Tabac, Cijuela, Espagne. @HilarioSanchezDiaz/Flickr

Depuis ses débuts, le secteur du tabac jouit d’un double privilège : d’une part, il n’existe aucune réglementation à l’échelle mondiale concernant l’élimination des mégots, et d’autre part, les lobbies de l’industrie du tabac sont particulièrement puissants. Ainsi, des initiatives…

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Auteur: Sharon Houri