Pollution au Bangladesh : en danger de mort, Sheel peut séjourner en France

  • Toulouse (Haute-Garonne), reportage

« C’est une décision originale, une première française, et peut-être même mondiale » : les pieds posés sur son bureau, l’avocat Ludovic Rivière jubile. Depuis le 18 décembre 2020, son client — que nous surnommons Sheel pour ne pas le mettre en danger — n’est plus sous la menace d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). La cour administrative d’appel de Bordeaux a en effet reconnu que renvoyer Sheel dans son pays d’origine, le Bangladesh, aggraverait sa maladie respiratoire « en raison de la pollution atmosphérique ».

Assis dans un fauteuil face à son avocat, engoncé dans un manteau noir, Sheel est un homme réservé. Il parle d’une voix basse mais répond à chaque question de bon gré, content d’échanger avec des gens qui s’intéressent à son histoire. Par moment, un franc sourire se devine sous son masque chirurgical qui le protège du Covid-19, un virus qu’il sait « particulièrement dangereux pour les gens avec des problèmes respiratoires ». Lors de l’entrevue, son avocat veille à ce qu’aucun détail compromettant pour la famille de Sheel, restée au Bangladesh, ne filtre.

Originaire d’une petite ville située à quelque deux cents kilomètres au nord de Dacca, la capitale, Sheel est arrivé en France en 2011 pour fuir des persécutions. « J’étais membre d’un parti politique d’opposition et à cause de ces activités, j’étais en danger », explique le quadragénaire. Il s’est installé à Toulouse, sur les bords de la Garonne, où il a trouvé un job de cuisinier et serveur dans un restaurant. Débouté de sa demande d’asile, il a bénéficié d’un titre de séjour pour soins, entre septembre 2015 et septembre 2017. Ce titre est accordé, sous conditions, aux étrangers habitant en France et gravement malades.

« Les médecins disent qu’expulser Sheel reviendrait à l’envoyer à une mort prématurée »

« Je souffre d’un asthme allergique aux acariens et d’une apnée du sommeil sévère, précise Sheel. La nuit, une machine m’aide à respirer et me permet de vivre à peu près normalement. » L’appareil lui…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre