Pollution en Sicile : « il mieux vaut mourir d'un cancer que de faim »

Augusta (Sicile, Italie), reportage

Même chez lui, Carmelo n’est pas vraiment à l’abri. Seuls 2 kilomètres d’eaux contaminées de la Méditerranée le séparent du plus grand pôle pétrochimique d’Italie.

Jour et nuit, ce jeune Sicilien peut apercevoir, de l’autre côté de la rade, l’immuable flamme qui trône tout en haut de l’une des innombrables cheminées crachant leur fumée toxique. Une immense allumette dans un ciel brumeux, symbole du lent empoisonnement des 36 000 âmes et corps de la presqu’île d’Augusta et des alentours, dans le sud-est de la Sicile.

Carmelo Ciacchella est aussi aux premières loges, chaque jour de la semaine. Agent portuaire, ce barbu de 27 ans travaille à quelques encablures de la zone industrielle, qui raffine près de 30 % du carburant italien. Au cœur du « quadrilatère de la mort » : 25 km d’industrie chimique entre Augusta et Syracuse, en passant par Melilli et Priolo. Son travail « bien rémunéré », Carmelo Ciacchella le doit beaucoup aux raffineries.

Avec environ 10 000 emplois, elles représentent le cœur de l’activité économique du neuvième port italien.

« Dans chaque famille, il y a au moins un cas de cancer »

« Les rares boulots qu’il y a ici sont mal payés, affirme le jeune homme, diplômé en comptabilité et qui étudie en parallèle les sciences politiques. Alors oui, nous sommes nombreux à être conscients qu’il est dangereux de travailler et de vivre à proximité des raffineries, mais, en réalité, sans le port et la zone pétrochimique, il n’y aurait pas grand-chose ici. »

Dans cette ville polluée en déclin, qui a perdu 6 000 habitants en trente ans, Carmelo, dont la plupart des amis sont partis à Milan, Turin ou Paris, doit affronter, amer, ce dilemme quotidiennement.

Sous son apparence gaillarde, Carmelo porte en effet l’héritage douloureux, partagé par l’immense majorité des familles de la région, de plus de soixante-dix ans…

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Auteur: Augustin Campos, Stefanie Ludwig