Pollution lumineuse : nous sommes en train de tuer la nuit


Il y a des pollutions dont, enfin, tout le monde parle. Partout, nous nous indignons à raison de la pollution plastique, de celle de l’air, des contaminations pétro-chimiques, des sols et de l’eau. Nous parlons même de pollution spatiale ou de pollution publicitaire. Mais il en est une dont nous parlons peu. Sous ses airs anodins, habituels, elle s’avère pourtant mortifère : il s’agit de la pollution lumineuse. Coup de projecteur sur ce fléau insoupçonné qui est en passe de nous voler la nuit, à nous, comme au reste du vivant.

Alors que l’hiver pointe le bout de son nez – a minima au calendrier bien plus qu’en températures (mais c’est un autre sujet) -, les nuits promettent à nouveau de se prolonger, ne laissant plus au jour que quelques heures pour nous dispenser ses rayons. C’est le début des aubes tardives et des crépuscules prématurés. Comme à chaque fin d’année, notre quotidien immerge tout entier dans la pénombre. 

Enfin, est-ce tant le cas  ? Peut-on encore vraiment parler d’obscurité ? À l’approche du changement de saison, dont le solstice aura lieu cette année le 21 décembre à 22h47, Johan Eklöf publie aux éditions Tana Osons la nuit, Manifeste contre la pollution lumineuse ; un livre particulièrement attendu, distribué dans pas moins de 10 pays. 

Johan Eklöf @TanaEditions

Johan Eklöf est un chercheur et écologiste suédois, docteur en zoologie et enseignant à l’Université de Stockholm. Dans cet ouvrage précis et efficace, particulièrement exhaustif sur une problématique encore jeune, il rappelle que la nuit n’existe plus ; plus vraiment. Ce que nous en connaissons, explique-t-il, n’est souvent plus qu’un ersatz d’obscurité, un semblant de ténèbres. Presque totalement engloutis dans notre peur du noir et notre désir compulsif de voir clair, nous sommes en train d’oublier ce qu’est une nuit noire, une nuit sombre. Et les grandes capitales ne sont pas les seules concernées. 

Lumières citadines, artificielles, certes, mais également industrielles, commerciales, lumières des routes, phares des véhicules, panneaux publicitaires, enseignes lumineuses, lumières domestiques, des écrans, lumières partout, lumière tout le temps, obscurité nulle part… notre ère a tout illuminé au point d’avoir réduis la nuit à un vague souvenir. 

Mais s’il ne s’agissait que de cela ! Si, seulement, il ne s’agissait que de la fin d’un symbole et des myriades de mythes et légendes qu’il a inspiré, source inépuisable de fascination humaine, matrice des…

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Auteur: Victoria Berni