Pollutions agricoles : la Loue, une rivière à l'agonie à cause de la filière comté

Lods (Doubs), reportage

Sous les rayons du soleil, vif en cette fin février, la rivière forme un miroir d’eau, reflétant l’ensemble du paysage. Devant les maisons, la Loue s’écoule paisiblement avant de chuter dans une série de cascades. Au loin, derrière la forêt, se dressent des falaises en calcaire.

Ce cadre confère à Lods, classé plus beau village de France et situé à 45 kilomètres de Besançon (Doubs), un air idyllique. Mais à y regarder de plus près, la Loue n’est pas si cristalline, et sa couleur tire sur le vert.

Sur le pont, Jean-Marc Bertacchi, accompagné de son border collie Charly, et Patrice Malavaux jettent un coup d’œil à la rivière. Au bout de quelques instants, les deux garde-pêches désignent une truite fario. Dans un coin, presque immobile, elle est brune à l’exception de sa nageoire caudale, anormalement toute blanche. « Celle-ci, dans trois jours, elle n’est plus là », prévient Jean-Marc Bertacchi.

« J’en suis à 160 poissons morts sur mon secteur, c’est écœurant »

En cinq minutes, sur les quatorze truites observées, la moitié présente des taches blanches. Elles sont atteintes de la saprolégniose, une maladie provoquée par un champignon qui attaque tous les organes du poisson.

Depuis fin janvier, c’est le triste spectacle auquel Jean-Marc Bertacchi assiste chaque jour au bord de la Loue. « J’en suis à 160 poissons morts sur mon secteur à Mouthier-Haute-Pierre et Vuillafans, c’est écœurant », se désespère celui qui a passé sa vie au bord de la rivière.

Après une pause, le regard vers l’eau, le quinquagénaire à la barbe grise reprend : « La saprolégniose n’est pas une maladie nouvelle, un salmonidé en bonne santé peut en réchapper. Ici, les truites sont très sensibles à cette infection car, déjà très affaiblies par la fraie [la reproduction, qui se déroule de décembre à février], elles vivent dans une rivière en mauvaise…

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Auteur: Jeanne Cassard, NnoMan Cadoret