Portes, fenêtres, frigos… Une association recycle les décors de cinéma

Montreuil (Seine-Saint-Denis), reportage

De prime abord, on pourrait croire qu’il s’agit d’un simple réfrigérateur. Ouvrir ses portes permet de constater que celui-ci est un peu particulier : sa paroi arrière a été totalement enlevée.

« C’est comme cela qu’au cinéma, on fait des plans qui donnent l’impression d’être tournés depuis l’intérieur d’un frigo : on place la caméra à l’endroit où le fond a été retiré, et ainsi on peut filmer un personnage en train de servir à boire ou à manger », s’enthousiasme Jean-Roch Bonnin, qui croit se souvenir que ce frigidaire-là a été récupéré sur le tournage de la série Drôle. L’ancien accessoiriste n’en est pas certain : à la Ressourcerie du cinéma, à Montreuil, les objets et matériaux repartent parfois aussi vite qu’ils sont arrivés.

C’est en décembre 2020 qu’est née cette association visant à récupérer des décors de cinéma qui, en temps normal, auraient sans doute terminé dans une déchetterie. L’idée, notamment impulsée par le collectif ÉcoDéco : soit les relouer, soit les revendre à bas prix. Particuliers, sociétés d’escape game, entreprises du BTP, architectes et bien sûr professionnels du cinéma et de l’audiovisuel composent la clientèle de ce lieu atypique et chaleureux.

« L’industrie du cinéma produit énormément de déchets, 15 tonnes en moyenne par long-métrage. Or, avec le réchauffement climatique actuel, il faut absolument que l’on change notre façon de produire et de consommer, et que l’on crée un modèle écocirculaire. D’autant que les choses que l’on récupère sont souvent quasi neuves… », dit Karine d’Orlan de Polignac, spécialiste du tri des déchets qui a cofondé la Ressourcerie du cinéma avec Jean-Roch Bonnin et Isabel Hébert.

« Astérix et Obélix », Jean-Paul II…

Il suffit en effet de se promener dans cet immense hangar de 800 m2, sis dans les usines Mozinor de Montreuil, pour croiser nombre d’accessoires et de matériaux en parfait état. Près de l’entrée par exemple, des luminaires de toutes les tailles côtoient un vélo d’appartement, mais aussi un cadre suranné représentant le pape Jean-Paul II.

Non loin de là, un gros bloc de polystyrène peint en noir, ressemblant à un rocher que l’on imaginerait bien dans Le Seigneur des anneaux, attend sagement repreneur. En levant la tête, on aperçoit sur les mezzanines, construites par les bénévoles du lieu, des canapés, des chaises d’écoliers ou encore des bases de colonnes « effet marbre »

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Auteur: Amélie Quentel, Mathieu Génon Reporterre