[Portfolio] La forêt a brûlé – Sur les traces de l’incendie de Mostuéjouls en Aveyron

Ce qui vient en premier, avant même de distinguer la silhouette frêle des arbres noircis, c’est l’odeur. Une odeur de brûlé, qui prend le dessus sur celle de la pluie qui tombe à gouttes fines sur les champs fraîchement retournés. Une odeur lourde, qui imprègne jusqu’à la moindre racine. Et puis le spectacle, d’une beauté désolante. 750 hectares de forêt ravagés par les flammes. 2 semaines de lutte contre les éléments pour protéger habitant∙es, habitations et cultures aux alentours du village perché de Mostuéjouls.  C’était un accident. Le 8 aout, un engin agricole frottait sur le bitume, provoquant des étincelles qui ont embrasées la végétation alentour. Et  voilà le résultat.

Deux semaines que le feu est éteint. La forêt a brûlé. Le silence a remplacé le bruissement habituel du vent dans les feuilles, silence interrompu par moment par les craquements des branches cassées encore suspendues dans les airs. Au sol, plus aucun craquement de feuilles mortes ou de pommes de pin. Seulement de petits nuages de cendres qui s’envolent à chaque pas. La forêt a brûlé.

Paysage désertique, les flammes semblent avoir avalé tout mouvement. Pas un oiseau ne chante, pas un insecte ne grouille. Seules traces de vie, les sillons poussiéreux laissés par l’intervention des  600 pompiers mobilisés pour éteindre le brasier.

C’est un décor en noir et blanc. Toute verdure a disparu, révélant les formes étranges de ce qu’il reste des grands pins. Quelques rayons de soleil se reflètent sur les rochers à présent mis à nu. Par endroits, on croirait encore distinguer dans l’air ambiant un mélange de cendre et de fumée, laissant un voile translucide brouiller l’horizon.

Mais parfois, un élément vient casser la sérénité qui se dégage de cette monochromie. Cela fait deux semaines que le brasier est éteint. Le vert insolent de jeunes pousses, encouragées par les récentes averses, sonne comme un rappel que, si elle parait pour l’instant apathique, la forêt n’est pas morte. Son énergie est toujours là, enfouie sous la cendre. Et déjà, on peut apercevoir derrière les écorces noircies, la sève qui coule toujours. La forêt a brûlé, mais elle reprendra ses droits. Elle le fait toujours.

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Auteur: Clara Maillé