[Portrait] Mitia Fedotenko « nous sommes deux peuples fraternels, avec une histoire commune »

Nous rencontrons Mitia à distance, le temps d’un échange, pour cet artiste chorégraphe en pleine période de préparation autour de son nouveau projet « Roulette Russe » : l’invasion russe du territoire ukrainien ordonnée par Vladimir Poutine vient de débuter depuis seulement quelques jours au moment de notre entretien. Tandis que le monde est suspendu aux nouvelles du front, sidéré par l’éclatement d’une guerre sur le sol européen, nous éprouvions le besoin de proposer un autre regard sur les évènements – une vision singulière qui permette de comprendre et de penser cette épreuve commune.

Mitia nous accorde cet entretien durant son seul et unique jour de repos, alors qu’il consacre la majeure partie de son temps à son travail de création. « Je vais bien ? C’est difficile à dire. Je vais bien c’est une phrase banale à la française » nous répond-t-il en esquissant un sourire gêné. Depuis sa position, le contexte actuel ne peut qu’être générateur d’inquiétudes : Mitia vit à cheval entre la France, où il a construit son parcours d’artiste chorégraphe, et la Russie, pays où il est né dans les années 1970 du temps de l’union soviétique. Présent en métropole depuis 23 ans, son parcours de vie symbolise à lui seul la dimension fratricide du conflit ukrainien : de nationalité russe et d’origine ukrainienne, il rencontre son épouse Natacha à Moscou – elle-même née en Ouzbékistan de parents russes et biélorusses – et travaille depuis toutes ces années entre la France, la Russie, l’Allemagne ou encore la Suisse. A cette identité multiple s’ajoute celle d’artiste, avec toute sa dimension transnationale « Je suis artiste, cela signifie que dès le départ je suis prêt à aller là où mon art me mène. Ma conclusion sur cette question est que je suis avant tout un citoyen du monde. »

Au fil de notre échange avec Mitia Fedotenko, l’art apparait toujours comme intrinsèquement lié à aux enjeux politiques et historiques. Quand on le questionne sur ses liens avec l’opposition en Russie, il souligne à plusieurs reprises son positionnement : artiste avant tout, son langage demeure celui des corps en mouvements. Il nous décrit les années précédant le durcissement du pouvoir de Vladimir Poutine comme une période relativement floue, un temps où la fable « d’une démocratie un peu différente, à la russe » pouvait encore subsister. Les manifestations n’étaient pas encore interdites, comme la possibilité d’exprimer son désaccord avec le…

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Auteur: Le Poing