Pour Agamben, tout le monde est fasciste sauf ceux qui ont réellement été fascistes

par Raffaele Alberto Ventura, Juillet 2021

Au cours du dernier quart de siècle, le nom de Giorgio Agamben a désigné non seulement l’un des philosophes italiens les plus lus dans le monde, mais aussi un point de référence pour une certaine gauche libertaire, et également l’une des expériences intellectuelles les plus passionnantes du monde contemporain. La prose d’Agamben se lit comme un feuilleton, avec ses inventions, ses effets, ses rebondissements, et bien sûr aussi ses clichés, ses maniérismes et ses raccourcis (pour un examen sévère, voir le court essai que lui a consacré l’italianiste Claudio Giunta). Les auteurs que le philosophe a contribué à promouvoir font désormais partie du bagage culturel de toute une génération, celle-là même qui se trouve aujourd’hui embarrassée par ses propos sur la pandémie de Covid-19 – selon lui, rien moins qu’une invention.

S’il avait simplement écrit qu’elle était mal gérée ou exploitée, ou peut-être exagérée, il aurait été plus proche de la vérité, mais n’aurait certainement pas fait autant de bruit. En l’absence d’autres voix critiques faisant autorité, ses propos ont suffi à faire du philosophe une référence pour les anti-confinement et les antivax, dans une mesure égale au scandale sucité chez son lectorat progressiste. La notoriété du philosophe auprès d’un public plus large, peut-être malentendant, est attestée par les suggestions de recherche de Google, parmi lesquelles le mot clé “Giorgio Gambe” s’est distingué il y a quelque temps. Mais ce serait une erreur d’attribuer ses positions sur la pandémie à un tournant tardif ou à une double personnalité, Dr Giorgio et M. Gambe.

Au contraire, ils sont tout à fait cohérents avec le cadre théorique développé au fil des ans, sous la bannière d’une critique radicale de la modernité sous le triple visage de l’État, du capitalisme et de la science. Le lectorat progressiste, pour s’en étonner si tard, doit également être très négligent.

Étincelles de nazisme

Dans un billet publié il y a quelques jours, Agamben a comparé le pass vaccinale à l’étoile jaune portée par les Juifs pendant la période nazie. Une image tristement entendue qui, entre-temps, avait déjà été mise en scène dans diverses manifestations de rue en Europe. Ce n’est pas la première fois que le philosophe a recours à une comparaison historique totalement disproportionnée et vaguement obscène, puisqu’il avait déjà affirmé il y a un an que les enseignants qui se prêtent à…

La suite est à lire sur: iaata.info
Auteur: IAATA