Pour défendre son action climatique, le gouvernement s'offre les services d'un cabinet de conseil international

À grand renfort de tableaux Excel et de budget carbone, la bataille des chiffres fait rage autour de la future loi Climat. Présenté hier en Conseil des ministres, le texte, qui reprend, au rabais, les propositions de la Convention citoyenne, n’est pas à la hauteur de son ambition. L’objectif de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 n’est pas atteignable avec les mesures annoncées.

D’après l’étude d’impact du projet, entre la moitié et les deux tiers « du chemin », seulement, serait « sécurisé ». Et encore, cette évaluation est biaisée. Elle additionne au-delà du futur texte de loi, toutes les mesures déjà prises et mises en place par le gouvernement. Si l’on se concentre uniquement sur les articles du projet de loi climat, leurs effets se révèlent, en réalité, minimes. Le compte n’y est pas.

Le député Matthieu Orphelin a voulu le démontrer. L’ingénieur, qui a fait la majeure partie de sa carrière à l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, a estimé que la loi, dans sa version actuelle, ne permettrait d’éviter que 13 millions de tonnes de CO2 par an (MtCO2), contre les 112 MtCO2/an visées. « En écartant sciemment les mesures les plus impactantes de la Convention citoyenne, le texte n’a qu’une portée symbolique », a-t-il regretté

Plusieurs avis sont venus appuyer son propos. Le 26 janvier dernier, le Conseil national de la transition écologique s’est inquiété « de la baisse insuffisante des émissions de gaz à effet de serre induite par cette loi ». Quant au Conseil économique social et environnemental, pas spécialement réputé pour le tranchant de ses prises de position, il a rendu un rapport incisif le 27 janvier dernier où il a souligné « les abus de langage » du gouvernement.

« Le monde économique n’a pas besoin d’une régulation publique » 

Le 8 février, dans une lettre ouverte, publiée notamment sur Reporterre, 110 associations ont pris le relai et mis l’exécutif face à ses nouveaux engagements. Il y a quelques mois, la France, en accord avec ses partenaires européens, a revu à la hausse ses ambitions. Son objectif vise désormais à réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Mais comment va-t-elle y arriver si elle n’est pas capable de tendre déjà vers une diminution de 40 % à ce même horizon ?

Sous le feu des critiques, le gouvernement a tenté de contre-attaquer. Vu que la loi climat semble largement insuffisante, il a décidé de changer le périmètre des…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre