Pour « le droit de vivre sans smartphone », un collectif réinstalle des cabines téléphoniques

Transrural Initiatives  : D’où vient cette idée de relancer les cabines téléphoniques à Grenoble ?

Vincent, membre du collectif Observatoire international pour l’installation des cabines téléphoniques (OIRCT) : Il y a deux ans, un parti un peu décalé, le parti « popolitique » s’est lancé dans la campagne des municipales à Grenoble. Parmi les propositions, il y avait l’idée de réinstaller 22 cabines téléphoniques dans la ville.

L’an dernier, le journal local Le Postillon s’était penché sur cette proposition en disant qu’il fallait aller jusqu’au bout de la démarche. L’article a touché pas mal de monde et avec des membres du Postillon et d’autres personnes, nous avons créé l’OIRCT. Nous avons lancé la première cabine téléphonique en mars dernier dans un parc où il n’y a aucun accès à l’électricité et internet et la seconde vient d’être installée.

À Grenoble, une part du budget municipal est consacrée à un budget participatif. On a été sélectionnés parmi la trentaine de projets pour la suite qui va faire l’objet d’un vote plus large.

Concrètement, comment ça marche ?

Même si ce n’est pas satisfaisant, on est obligé de passer par internet. On a acheté un téléphone fixe qui fonctionne comme un portable, sur batterie avec une carte. Ça donne un objet sur mesure, les gens peuvent l’utiliser, mais pas l’emporter. Il y a plusieurs dizaines d’appels par jour. Il y a pas mal de jeunes ados qui s’en servent pour prévenir leurs parents qu’ils sont arrivés au parc, des sans-papiers, ceux qui n’ont pas de portable.

Premier téléphone public réinstallé à Grenoble

Le premier téléphone public installé à Grenoble, dans le parc de Maliave, par l’OIRCT, utilisé plusieurs dizaines de fois par jour selon le collectif.

©OIRCT

Derrière cette initiative, quel est le message que vous voulez faire passer ?

Nous ne sommes pas dans une optique passéiste ou nostalgique, mais dans une optique de montrer que l’utilisation de la cabine téléphonique est un choix de société, de refus de la numérisation générale et de réclamer le droit de vivre sans smartphone, sans téléphone et être sans cesse fliqué, tracé… Nous voulons d’un monde rempli d’humains, pas de robots.

Quelle est votre position sur la « fracture numérique » ?

Beaucoup disent qu’il faut des médiateurs pour des gens qui sont éloignés du numérique, on n’est pas là-dessus. Nous disons : il faut pouvoir vivre normalement sans smartphone, sans ordinateur et que les services publics soient…

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Auteur: Transrural initiatives