Anne-Claire Defossez est sociologue, chercheuse à l’Institute of Advanced Study de Princeton, près de New York. Didier Fassin est médecin, anthropologue et sociologue, il est enseignant-chercheur à Princeton, mais aussi directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et, depuis le printemps dernier, titulaire de la chaire « Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines » au Collège de France. Ils ont co-écrit L’exil, toujours recommencé. Chronique de la frontière.
Entre les accidents de montagne, la répression subie par les exilés, sans parler des naufrages en mer plus tôt dans leur périple, on voit bien l’inégalité entre les vies humaines. On ne ressort pas indemne de la lecture de votre recherche autour de la frontière franco-italienne près de Briançon. N’est-il pas un peu désespérant pour des chercheurs en sciences sociales de travailler sur un tel objet ?
Anne-Claire Defossez : Je ne dirais pas cela. Certes, les histoires que nous rapportons sont souvent très dures, très émouvantes. Mais jamais, après les avoir entendues, nous n’avons eu le sentiment que ces gens étaient des victimes passives de leur destin d’exilés. Car ils manifestent un courage, une ténacité, une solidarité entre eux absolument remarquables. Dans un contexte d’incertitude permanente et de
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Auteur: Olivier Doubre