Pour ne pas « crever au boulot », ils bloquent un dépôt de carburant

Dans la nuit encore opaque, ils sont une soixantaine, tout de noir vêtus, à avancer en direction du port aux pétroles, zone industrielle au nord de Strasbourg. Il est 4 h 15 du matin et les camions-citernes sillonnent déjà la route menant au dépôt de carburants. Le groupe en laisse passer deux et se met en action. En quelques minutes, lests, panneaux et barrières de chantiers sont sortis d’un terrain vague tout proche pour créer une barricade sur la voie. Le blocage commence. Et une vingtaine de poids lourds s’accumulent rapidement. Chacun d’entre eux transporte entre 36 000 et 38 000 litres de carburants destinés aux stations-service.

À l’origine de cette action : le collectif « On crèvera pas au boulot ». Un mouvement strasbourgeois né pendant la mobilisation contre la réforme des retraites. « Tout a commencé en janvier, à l’occasion d’une réunion de Gilets jaunes, retrace Isabelle Wendling, référente presse du groupe Strasbourg République. On s’est dit qu’il fallait que l’on élargisse notre base. Alors on a écrit un tract intitulé « On crèvera pas au boulot », dans lequel on parlait des questions sociales (réformes des retraites, inflation, casse des services publics, précarité…), de la démocratie que l’on souhaiterait voir mise en place et de la protection de la planète. »

« Syndiqués, non-syndiqués, avec ou sans gilet, unis dans la lutte, organisons-nous par nous-mêmes en manifestation pour agir dès maintenant », indique le flyer largement diffusé fin février, qui invite aussi à « créer des liens » et « entrer en action de toutes les manières possibles ». Un vœu pieux mué en collectif à l’occasion d’une réunion publique organisée le 4 mars avec le média indépendant Le Canard réfractaire, de passage à Strasbourg pour l’occasion.

« Offrir un espace d’action »

Gilets jaunes, militants d’Alternatiba Strasbourg et d’Extinction Rebellion (XR) ainsi que de groupes antifascistes et féministes locaux se sont mis autour de la table pour planifier une première action : le blocage d’un entrepôt Amazon dans les quartiers sud de la ville le 7 mars à l’occasion de la sixième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites. Le 15 mars, ils ont bloqué une première fois le port aux pétroles, mais les militants ont été rapidement délogés.

Le lendemain, le gouvernement a dégainé le 49.3. Dans la foulée, le collectif a appelé à se réunir sur la plus grande place de la ville. Plus d’un millier de personnes ont répondu présentes et ont manifesté spontanément dans les rues de Strasbourg. Plus récemment, le collectif a coorganisé un rassemblement de soutien aux victimes de violences…

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Auteur: Reporterre