Pour préserver une clinique psy alternative, ses salariés veulent la reprendre en coopérative

« Quand je suis arrivée à la clinique, le premier mois, je n’ai pas fait le travail pour lequel j’avais été embauchée, mais j’ai rencontré tous les collègues et tous les patients. Cela a permis que les gens m’identifient et j’ai pu me mettre dans le bain. » Magalie Tostain travaille depuis deux ans à la clinique psychiatrique de la Chesnaie, à Chailles, dans le Loir-et-Cher. Elle n’a pas de formation spécifique, ni médicale ni en psychologie. Elle est salariée du club de la clinique, une association dont sont membres soignants et soignés, où les décisions se prennent en commun. La jeune femme s’occupe plus particulièrement de la programmation du projet culturel du club : concerts, résidences d’artistes, ateliers. « Je viens du milieu du spectacle. J’ai auparavant travaillé dans des salles de concert, sans aucun lien avec la psychiatrie ou la santé. » Le volet associatif et culturel fait ici partie intégrante du soin.

« Notre travail se fait autour du collectif, pour permettre de sortir de l’aliénation sociale »

La clinique de la Chesnaie est l’un des lieux emblématiques de ce qu’on appelle la « psychothérapie institutionnelle ». Dans cette approche de la psychiatrie, il n’y a pas d’enfermement. L’ensemble du collectif est considéré comme ayant un potentiel soignant : médecins, psychologues, infirmières, mais aussi les personnels de la cuisine, du club, et les autres patients. « Notre travail se fait autour du collectif, pour favoriser la rencontre, pour permettre de sortir de l’aliénation sociale », résume Jean Gaillot, moniteur – c’est le nom des soignants à la Chesnaie – à la clinique.

Les cliniques de psychothérapie institutionnelle ont toutes ce type de clubs – comme certains services de psychiatrie des hôpitaux qui fonctionnent sur cette approche. Les membres de l’équipe et les pensionnaires y décident collectivement des activités organisées. « La programmation culturelle du club se fait avec les pensionnaires, on y organise aussi des sorties pour aller voir des artistes, précise Magalie Tostain. Tous les jours, une demi-heure est consacrée à une réunion collective avec les salarié.es et les pensionnaires, pour parler de toutes les questions qu’on peut avoir si quelque chose dans la journée nous a interpellés. »

Des cliniques longtemps restées à l’abri des appétits financiers des grands groupes

Le courant de la psychothérapie institutionnelle est né dans l’immédiat après-guerre en France, et a joué un rôle majeur dans…

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Auteur: Rachel Knaebel