Pour que la Clef ne passe pas sous la porte

La Clef est un cinéma parisien, occupé et autogéré. Malgré deux ans et demi d’effervescence culturelle ayant réuni 14 000 spectateurices autour de 400 films, le propriétaire des murs, le comité social d’entreprise de la Caisse d’Epargne, souhaite en expulser les usagers. À partir du lundi 24 janvier, le cinéma sera donc ouvert de 6h à 23h afin de décourager une éventuelle tentative d’expulsion par les forces de l’ordre. Les occupants nous racontent l’histoire de ce lieu et les raisons de se battre pour qu’il reste ouvert et occupé.

Pourriez-vous rappeler ce qui vous initialement motivé quant à l’idée d’occuper un cinéma ? La Clef est un lieu historiquement lié au cinéma indépendant.

Avant l’occupation et depuis sa création dans les années 70, c’était un cinéma d’Art et Essai indépendant comme il en existe bon nombre à Paris. Il a rapidement été racheté par le Comité Social d’Entreprise de la Caisse d’Epargne (CSE), ce qui permettait de poursuivre la programmation tout en réservant les parties privées à des activités du CSE.

En 2018, le CSE a décidé de vendre les locaux, ne les jugeant plus rentables. Les lieux sont restés inoccupés un an, faute d’acheteurs, jusqu’à ce que des membres de divers collectifs squat y entrent et redémarrent le cinéma. Depuis, exception faite des confinements, ont lieu à la Clef des projections quotidiennes.

Le mot d’ordre de l’occupation de la Clef est la démocratisation de l’accès au cinéma et à la création cinématographique. Toutes les projections sont proposées à prix libre, et nous privilégions des films rares et indépendants, en somme tous les films qui sont rejetés par les autres exploitants parce qu’ils ne sont pas estimés suffisamment rentables.

Si la programmation reste le nerf de la guerre, à la fois symboliquement et en terme d’accueil de public, nous ne souhaitons pas nous limiter à cela et de nombreuses initiatives ont été lancées depuis le début de l’occupation. Plusieurs web-radios ont eu lieu pendant les confinements, un fanzine a été créé. Mais aussi La Petite Evasion, un atelier d’initiation à l’image pour des centres aérés du quartier ou autres ; et le Studio 34, qui permet à de jeunes cinéastes indépendants à travers divers ateliers et rencontres d’aboutir leur premier film par l’autoproduction.

Il s’agit en somme de faciliter l’accès à un cinéma en voie de disparition et de le perpétrer à travers la démocratisation de la création en dehors des…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin