Pour sauver le vaisseau en perdition

De tous temps, le pouvoir et ses commis ont un souci majeur qui leur vaut bien des dépenses d’effort et d’énergie. Celui de signaler à la multitude le droit chemin dont il vaut mieux ne pas s’écarter, de lui prescrire des modèles sur lesquels il conviendra de calquer le comportement.

Du berceau à la tombe, ils arrosent le commun de bonnes leçons. Le sermon à la table familiale, l’abrégé de morale, le bouquin scolaire, le code du travail, le monument de la littérature, le discours patriotique, tout cela et beaucoup plus pour nous apprendre un rôle écrit par des tiers. Un rôle que l’on devra reproduire, qu’on nous fera répéter à satiété jusqu’à ce qu’on le joue à perfection.

Seul le rôle compte. Celui du citoyen responsable ou du héros intrépide, du père de famille exemplaire ou du patriote surexcité, du saint irréprochable ou du pilier de la tradition, de l’ouvrier appliqué ou du soldat discipliné. Au choix. Pour le reste, on ne s’inquiète guère de savoir qui la personne est au fond. Chez l’homme, on ne voit que la bête émasculée qu’il faut dresser pour la faire parader dans le cirque de la vie. L’apparence est tout, qu’on apprenne donc à dissimuler. La vie devenue une répétition théâtrale…

Il faut se ressaisir. On veut te transformer en une enveloppe creuse ? Déchire-la, trouve donc ta flamme vive et accroches-y ton regard. Protège-la, fais-la grandir. Par dessus tout, respecte ta propre personne. Que personne ne te conduise à faire ou à dire quoi que ce soit de contraire à ta véritable nature.

. . . . .

Il faut le génie délirant du publicitaire pour recommander au lascar soucieux d’individualité de courir après la dernière tendance mode. Le plus étonnant est que ça puisse marcher. On le voit à chaque instant. Tout le monde se rue pour contrefaire son modèle de choix. Plus on devient égal, plus on affirme son unicité ! Cela serait la liberté.

D’ailleurs, la société n’a-t-elle pas homologué un éventail de modèles pour chaque volet de la vie ? Laissons de côté les codes vestimentaires, ou le type de véhicule dans lequel on se déplace, ou le logement où l’on habite, ou les loisirs d’option – les modèles s’y sont imposés jusqu’à devenir invisibles, on les suit sans s’en rendre compte. Les modèles pèsent aussi bien d’une main d’airain dans la sphère du quant-à-soi, le domaine personnel intime que chaque personne désirerait préserver.

En religion tu peux choisir l’église à ta convenance : catholique,…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin