Pour sortir de l'impuissance politique de Geoffroy de Lagasnerie

Jusqu’à présent, nous ne connaissions personne qui ait lu Geoffroy de Lagasnerie. Peut-être parce que son image médiatique se suffit à elle-même, que sa prétention à endosser le rôle pastiche d’une figure désuète : « l’intellectuel de gauche » prête davantage à rire qu’à lire ou bien parce que ses prises de position contre la jeunesse autonome qui dépossèderait les centrales syndicales s’accorde tellement bien à ses injonctions à voter pour Jean-Luc Mélenchon. Quoi qu’il en soit, un lecteur de lundimatin s’est avéré plus courageux que nous et nous a transmis cette note de lecture. Il y convoque Anders, Giono, Malm et Watkins et tente une analyse critique. Si nous n’en partageons pas certains raisonnements et certaines références, c’est en tous cas une tentative de sortir de l’impasse actuelle — dont Lagasnerie fait partie.

I

« La non-violence ne vaut rien contre la violence. Ceux qui préparent l’extermination de millions d’êtres humains d’aujourd’hui et de demain et par conséquent notre extermination définitive ou se contentent seulement d’avoir la possibilité de nous exterminer, ceux-là doivent disparaître. Il ne faut plus qu’il y ait de tels hommes » ( Günther Anders ajoute que la « contre-violence », en cette période d’ « état d’urgence », est « nécessaire », que nous ne pouvons nous contenter des « happenings », des « comme si », que forment les manifestations publiques, pas plus que du sabotage, de la destruction, des produits du capitalisme – ce dernier se recyclant dans la « destruction créatrice », selon la formule canonique de Schumpeter, nous, « casseurs », alimenterions la chaudière du train devenu fou, qui ne manquera pas de dérailler au prochain virage. Anders le répète jusqu’à la fin du livre, jusqu’aux dernières lignes : « C’est pourquoi je déclare avec douleur mais détermination que nous n’hésiterons pas à tuer les hommes qui, par manque d’imagination ou de cœur, n’hésitent pas à mettre l’humanité en danger et à se rendre ainsi coupables d’un crime contre elle ».

Ces lignes datent de 1987, elles résultent de la peur de la Bombe (sur laquelle Anders a écrit des pages célèbres et définitives), plus largement de l’analytique de la Technique telle que son processus court devant l’homme (sa pensée, son corps, …) dans une incompressible avance que le philosophe a nommée : un décalage prométhéen, lequel ne se résume pas à l’équipement dont le fonctionnement…

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Auteur: lundimatin