Pour sortir du gaz russe, Engie opte pour le gaz de schiste

La guerre contre l’Ukraine pousse les Européens à se détourner du pétrole et du gaz russes… Et à se tourner vers d’autres approvisionnements, notamment le gaz de schiste. Le groupe industriel Engie, dont le principal actionnaire est l’État français à hauteur de 23,64 %, n’échappe pas à la règle.

Le journal Les Échos nous apprenait, mardi 22 mars, qu’il a décidé d’étendre son contrat d’importation avec l’entreprise étasunienne Cheniere Energy, le n°1 du gaz naturel liquéfié (GNL) aux États-Unis. Une information confirmée au téléphone à Reporterre par un porte-parole d’Engie. Le groupe indique vouloir se diversifier et amoindrir sa dépendance au gaz russe, qui représente près de 20 % de ses approvisionnements. « Nous devons nous préparer à toute éventualité », a déclaré le porte-parole, évoquant le risque d’une interruption des approvisionnements russes.

Engie achètera à Cheniere Energy entre 900 000 et 1,2 million de tonnes de GNL « selon les années ». Ainsi, pour faire face aux risques de pénurie liés à la guerre contre l’Ukraine, Engie accroît le volume et prolonge son contrat avec l’entreprise étasunienne : il s’étendra désormais sur vingt ans, soit de 2021 à 2041, contre onze dans sa mouture précédente.

Ce contrat avait été conclu dans des conditions troubles, le 23 juillet 2021. Selon des documents internes confidentiels obtenus par Les Amis de la Terre France et révélés par Le Monde plusieurs mois après, Engie avait délibérément passé sous silence les négociations et la signature de ce contrat, désigné au sein de l’entreprise par le nom de code « Mustang ». Les documents montraient que la décision sur la signature du contrat avait été soumise en avril 2021 au Comité exécutif d’Engie avec la recommandation explicite qu’en cas de validation, « aucune publicité ne soit faite autour de cette transaction afin qu’elle reste sous les radars ».

Un gaz de schiste « désastreux »

Le prolongement de ce contrat a donc provoqué l’ire d’organisations écologistes. « Le GNL vendu par Cheniere Energy est en grande partie issu de gaz de schiste américain, désastreux pour les nappes phréatiques et le climat », dénonce auprès de Reporterre Lorette Philippot, chargée de campagne aux Amis de la Terre France. Engie a confirmé à Reporterre que ce gaz « pouvait contenir une part non précisée de gaz non conventionnel ».

Interdite en France depuis 2011, l’exploitation du gaz de schiste, un gaz naturel, nécessite un…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre