Préambule. Il ne se passe plus rien
Je ne sais à quel niveau de maturité se situe ma rationalité mais je la crois confrontée à des impasses qui ne touchent pas tant à ma rigueur ou à ma sincérité qu’à un constat que je partage avec l’auteur de ces brèves : il ne se passe plus rien. Plus précisément, je ne partage pas tant ce constat, mais l’idée disons, ayant partie liée avec notre impuissance politique, que nous assistons au déploiement d’un procès historique global et meurtrier auquel nous ne sommes pas en capacité d’opposer d’une façon nette, consistante, efficace un coup d’arrêt. Du point de vue de nos capacité à transformer ici et maintenant nos conditions matérielles d’existence, s’agissant d’enrayer le nettoyage ethnique en Palestine, ou encore de freiner le désastre écologique, en effet, il ne se passe rien, ou pas grand chose.
Est-ce pour autant décent, dès lors que le monde s’embrase, que les victimes de la gestion néolibérale de la phase actuelle du capitalisme, des guerres impérialistes et de la crise climatique s’accumulent, de dire qu’il ne se passe rien ? Ne serait-ce nier que nous vivons une accélération de l’Histoire, nier les victimes de celle-ci, et nier, bien que pauvres et disparates, nos résistances bien réelles ?
Alors, oui, il ne se passe plus rien au sens où jamais depuis l’entrée dans la modernité capitaliste occidentale, « nous » n’avons à ce point mis en question un Progrès qui ne cesse cependant de nous emporter dans ses limbes. Il ne se passe plus rien car « nous » sommes assommés par le spectacle d’un fascisme historique qui en couve un autre, un fascisme nouveau que nous avons tant de difficulté à penser et à combattre. Il ne se passe rien car, en Occident du moins, depuis le choc de la crise sanitaire de 2020-2021, le mouvement réel est au point mort et, si on pense à des capitales populaires telles que Naples ou Marseille, des…
Auteur: dev