Pour une contre-histoire de la commune de Tolbiac

Cet article fait suite à la publication dans lundimatin du témoignage d’un militant mobilisé lors de l’occupation du centre Pierre Mendès France, alias Tolbiac, survenue au printemps 2018 dans le cadre de la lutte contre l’instauration de Parcoursup. Plus précisément, il y répond, en tentant de suivre le cheminement de l’auteur, dont la mémoire a visiblement été bien altérée par le passage du temps. Le ton est volontiers polémique, car nous concevons l’antagonisme comme étant au cœur de la politique – ou de moins de la nôtre. On ne démêle pas un nœud gordien en lui passant la pommade : on le tranche d’un coup net et puissant. Seule une critique radicale de l’expérience de la commune de Tolbiac nous permettra d’en écrire l’histoire.

Gorgias narcissique

Presque rien ne manque au triomphe du révisionnisme. Ni la misère stylistique, ni la bêtise politique. Ni l’aporie de la pensée fétichiste. Écrire l’histoire de la commune de Tolbiac au prétérit : il fallait oser. Il nous est impossible de ne pas condamner fermement l’assujettissement à cette culture moribonde de la littérature pompeuse auquel s’abaisse notre candidat au Prix Pulitzer, et qui culmine dans la manifestation de son orgueil faussement dissimulé de tribun de la plèbe presque innocemment émerveillé – presque – devant son propre discours, qu’il nous fait l’honneur de citer. Que notre aspirant greffier nous pardonne : n’ayant que peu d’attrait pour la démocratie bourgeoise et ses formes, nous avons oublié de garder la trace de nos interventions et devrons nous contenter de critique politique. Critique de la nature et de la forme de ces assemblées générales où notre orateur se sent libre de dispenser ses oraisons, mais dont il ne propose aucune analyse.

Ces assemblées présentent pourtant d’étranges ressemblances avec les assemblées bourgeoises du monde entier, ne serait-ce que dans leur fonctionnement – laissons de côté, pour aujourd’hui, l’étude des comportements collectifs et de l’organisation architecturale des espaces de discussion : des militants professionnels qui négocient des places dans une tribune maîtresse de l’horloge qui dispense la parole, des organisations structurées qui rusent pour occuper le plus de temps possible au micro et faire avancer leur agenda, des étudiantes et des étudiants non-militants qui quittent l’assemblée parce que la tribune leur a annoncé vingt minutes d’attente avant de leur céder la parole, ou pire encore, parce que la tribune modifie…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin