Pour une histoire de la commune de Tolbiac

Au printemps 2018, face à une énième offensive gouvernementale, la France s’arrêtait, du moins ses trains et ses universités. À Tolbiac, des centaines d’étudiants décident d’occuper l’université et d’y déclarer la commune. Nous avons reçu ce texte remarquable qui propose d’écrire l’histoire de cette brèche dans la morosité étudiante.

Aux autres,
A ses ami.e.s,
Le 10 Mai 2021.

Pour une autre mémoire

Je ne veux pas perdre la mémoire. Nous ne voulons pas perdre la mémoire. J’écris cela pour nous, pour les autres, parce que je sais qu’il y aura plus tard des historiennes, des historiens pour le lire. Je regrette de ne pas avoir tenu un carnet des évènements. Je dois écrire – je dois, car je m’en fais un devoir – écrire mon témoignage, 150 ans après la Commune, 3 ans après notre commune, la commune de Tolbiac. Car il m’est impensable : que nous nous laissions oublier.

J’ai participé à cette expérience étudiante et militante de Février à Avril 2018. Après un blocage de plusieurs jours du centre universitaire Pierre Mendès France de l’université Paris I, alias Tolbiac, des étudiant.e.s ont investis le lieu et s’y sont installé.e.s en opposition à la loi Travail, au projet Parcours Sup et au gouvernement.

Alors étudiant en histoire et en science-politique, je ne me considérais pas comme l’un.e des occupant.e.s. Je participais à ce mouvement social qui animait une partie de la jeunesse, et à la vie nouvelle de cette collectivité basée à Tolbiac. Je m’y rendais souvent et y dormais parfois. Je n’en sais pas tout et il faudrait – il faut – que d’autres se prononcent, offrent les archives qu’iels ont à offrir. Ainsi, plus qu’une déposition, je souhaiterais que cet écrit soit d’abord un appel.

Nous étions mille

Nous étions mille. Souvent nous étions moins. L’amphithéâtre N, le plus grand, était souvent rempli, le monde assis, je dirais, entre quatre-cents et six-cents personnes, parfois moins, peut-être trois cents, chaque semaine – car il y avait une Assemblée Générale par semaine, parfois deux, les Mardi, et les Jeudi. Ce jour-là, nous étions mille.

Je n’oublierai jamais. C’était dément. Effervescent. Toutes les places étaient prises. Les gens restaient debout, partout. Le calme sensoriel n’existait plus. C’était impossible, électrique, apaisé. Le tumulte était en nous, on était lui. Encore, les gens arrivaient. On se demandait si l’immense amphi soudain si petit pourrait tout.e.s nous contenir. Il y avait une énergie……

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Auteur: lundimatin