Pour une vraie sobriété, encadrons les data centers

Daniel Rousseaux est urbaniste, spécialiste en participation citoyenne et intéressé par les questions d’environnement.


Derrière l’image sobre et bleutée des serveurs ronronnant dans les centres de données (« data centers ») se cachent de véritables usines électriques. Chaque fois que vous faites un virement, prenez un train ou vous faites opérer, votre banque, la SNCF ou l’hôpital y pioche des données numériques.

En France, ces usines ont si bien poussé avec le développement de l’économie dite numérique que notre pays en serait désormais le quatrième plus gros détenteur au monde… sans encadrement juridique à la hauteur des enjeux.

Gros consommateurs d’espace (entre 500 et 2 000 mètres carrés pour un établissement de taille moyenne), ces centres de données empiètent pourtant sur la création d’espaces verts et de logements. Car pour faire circuler les données le plus rapidement possible, ils s’installent à proximité des nœuds de raccordement électrique et numérique, qui se trouvent être aussi les espaces urbains déjà sous tension immobilière et foncière.

En Île-de-France, dans la populaire Seine-Saint-Denis, cela devient très problématique, certains atteignant une surface de 10 000 mètres carrés.

« Un emballement énergétique et infrastructurel »

Ces centres sont aussi très énergivores : de 2 % en 2013, leur part dans la consommation électrique mondiale devrait atteindre 13 % dès 2030, selon Fanny Lopez et Cécile Diguet dans un rapport intitulé L’Impact spatial et énergétique des data centers sur les territoires.

Selon la Caisse des dépôts, il faut même craindre « un emballement énergétique et infrastructurel », car, pour assurer la sécurité des données, ces centres ont besoin d’énormément d’électricité.

L’imposture de la dématerialisation

À l’heure de l’urgence climatique, le mythe de la « dématérialisation » est donc plus que jamais une imposture coûteuse, qu‘il devient urgent de déjouer en liant planification énergétique et urbaine.

L’idée de « planification » n’a pas bonne presse depuis les années 1980 : bien peu libérale, elle rappelle les échecs du soviétisme. Pourtant, quoi qu’on en pense sur le fond, elle a fait ses preuves pour développer des équipements fonctionnels : nous devons notre réseau routier aux schémas directeurs des années 1960 et notre maillage nucléaire au plan Messmer.

Dans un premier temps, réfléchir l’installation des data centers dans le cadre d’une planification énergétique permettrait d’évaluer nos réels besoins numériques, et de questionner l’utilité des nouvelles installations en regard de leurs conséquences environnementales.

Est-il par exemple…

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Auteur: Reporterre