Pourquoi certaines catastrophes nous bouleversent plus que d'autres

Pourquoi les catastrophes climatiques suscitent-elles plus d’émoi quand elles frappent les pays riches ? C’est la question que se sont posée des écologistes après les inondations qui ont frappé l’Allemagne et la Belgique en juillet 2021, faisant plus de 200 morts. Le même mois, ailleurs dans le monde, des inondations ont provoqué la mort de centaines de personnes en Afghanistan, en Chine, en Iran, au Nigeria, au Yémen, au Panama ou encore au Tadjikistan. Toutes sont passées inaperçues, ou presque.

« Je m’attendais à ce que les médias en parlent comme ils l’ont fait pour les inondations en Allemagne et en Belgique… mais je suis très déçu », a déclaré sur Twitter Nyombi Morris, militant ougandais pour le mouvement Fridays for Future, après l’évacuation de centaines de foyers dans le nord de l’Ouganda. « Est-ce parce que c’est en Afrique ? » s’interrogeait-il alors. Teïssir Ghrab, activiste française à Alternatiba, a dénoncé « l’indignation à deux vitesses » des médias occidentaux.

Alors que les sécheresses, incendies, typhons et autres phénomènes extrêmes dopés par le changement climatique s’intensifient, comment expliquer que l’attention médiatique soit plus grande dans certains cas, plutôt que d’autres ?

« Des zones entières sont mal couvertes »

Selon Tristan Mattelart, professeur en sciences de l’information et de la communication interrogé par Reporterre, il convient d’être prudent : « Attention à ne pas tomber dans une vision où les médias, en bloc, ignoreraient sciemment des parties entières de la planète. Il existe une grande diversité de médias et des raisons objectives pour lesquelles des sujets sont plus traités que d’autres. »

L’auteur de La mondialisation des médias contre la censure — Tiers Monde et audiovisuel sans frontières (De Boeck) remarque par exemple que « l’information à l’étranger coûte cher, car elle nécessite d’entretenir un réseau de correspondants. Et si un média n’en a pas dans un certain pays, il doit s’en remettre aux grandes agences de presse. Or celles-ci, comme Associated Press, l’Agence France-Presse (AFP) ou Reuters sont toutes des agences occidentales, dont le réseau de correspondants est beaucoup plus dense dans les pays du Nord que dans ceux du Sud. Des zones entières sont…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre