Pourquoi défier l'Everest est devenu une attraction pour millionnaires

« Un entraînement de toute une vie que je dois faire en un an. » Le 25 février, dans un live célébrant ses 6 millions d’abonnés sur YouTube, le vidéaste Inès Benazzouz, plus connu sous le nom d’Inoxtag, a présenté à ses fans le « plus grand défi de sa vie », qu’il compte bien documenter sur sa chaîne : l’ascension du mont Everest en 2024, sans avoir la moindre expérience en alpinisme. Un symbole de ce qu’est devenu le plus haut sommet du monde, à la frontière entre le Népal et la Chine : une victime de plus du tourisme de masse.

Entre 1953, année où l’être humain l’a vaincu pour la première fois, et 1993, seules 522 personnes, pour la plupart des montagnards chevronnés, ont réussi l’ascension du « toit du monde ». Aujourd’hui, ils sont 6 338. Avant même d’atteindre le sommet, 40 000 personnes se massent désormais chaque année au premier camp de base, à 5 300 mètres d’altitude. Le public a changé : les habitués de la montagne y côtoient des néo-aventuriers, venus s’offrir le frisson d’une vie.

Car pour les amateurs de sensations fortes, l’Everest présente un double avantage : être le point culminant de la planète, à 8 848 mètres au-dessus de la mer, ce qui rend automatiquement sexy sur un CV, et ne pas présenter d’immenses difficultés techniques. Bien sûr, il faut affronter la « zone de la mort », au-delà des 8 000 m, mais son taux de mortalité, inférieur à 3 %, est bien en deçà de ceux des monts K2 (à la frontière sino-pakistanaise) ou de l’Annapurna (Népal), tous deux supérieurs à 20 %.

Un passe-temps pour millionnaires

Moins mortelle, l’ascension de l’Everest est aussi devenue accessible grâce à des agences de tourisme peu regardantes sur les aptitudes de leurs clients. Celles-ci prennent tout en charge : l’acquisition du permis (11 000 dollars), les bouteilles d’oxygène, le voyage en avion, mais aussi la mise à disposition de sherpas, des guides locaux chargés de leurs affaires et de placer les échelles et les cordes indispensables à la bonne réussite de l’ascension.

« Ce n’est même plus tant de l’alpinisme, déplore Isabelle Sacareau, professeure de géographie à Bordeaux-Montaigne, spécialiste du tourisme et de l’Himalaya. Les touristes peuvent arriver au sommet, mais portés comme des sacs de patates. » En contrepartie des petits soins des sherpas, les voyageurs doivent mettre la…

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Auteur: Corentin Parbaud Reporterre