Pourquoi il faut réduire massivement le transport aérien

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les États ont largement promu, par différentes mesures, le transport aérien qui permet une forte réduction des temps de voyage. Ainsi, depuis 1944 et la Convention internationale de Chicago, le secteur aérien bénéficie d’une exemption de taxe sur le kérosène, qui n’a pas été remise en cause jusqu’à aujourd’hui. De même, dans le protocole de Kyoto de 1997, le secteur n’est pas concerné par les mesures de réduction de gaz à effet de serre (GES) par pays : la question des émissions de GES est traitée au sein de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale), qui dépend de l’ONU.

Un mode de transport inégalitaire

Si la déréglementation du transport aérien a démarré aux États-Unis dans les années 1980, la libéralisation du secteur en Europe a été achevée en avril 1997. Celle-ci a provoqué l’émergence de compagnies à bas coût qui se sont rapidement développées en s’appuyant d’abord sur la limitation des coûts de fonctionnement : utilisation d’un seul type d’avion, escales rapides, liaisons point à point (sans correspondance), employés polyvalents avec des salaires réduits.

Ce modèle est aussi basé sur un service minimum pour les passagers avec des prix d’appel très bas mais une facturation de prestations complémentaires (suppléments pour les bagages, frais d’enregistrement, frais pour le paiement du ticket, prestations à bord). Ces compagnies ont ainsi ouvert de nouveaux marchés et contribué à une très forte intensification aérienne : elles représentent 25% du trafic mondial et plus de 40 % du trafic en Europe. De surcroît, elles influencent les prix des autres compagnies, les contraignant à réduire leurs coûts pour offrir des billets moins chers et à se lancer dans la spirale des restructurations et des réductions d’effectifs.

Avant la crise sanitaire, les perspectives de croissance du secteur étaient fulgurantes : le trafic passagers doublait tous les 15 ans avec une croissance différenciée selon les régions (l’Asie domine désormais avec 36% du trafic mondial) et cette dynamique devait se poursuivre. Selon les prévisions réalisées par Boeing et Airbus, les compagnies aériennes devaient transporter plus de 8 milliards de passagers par an à l’horizon 2037-2038 – soit deux fois le nombre actuel. Pour cela, la flotte d’avions devait elle aussi doubler pour compter plus de 48 000 avions dans les airs en 2038.

Pourtant, l’utilisation de l’avion reste le privilège d’une minorité. Les vols…

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Auteur: Dominique Bonnet, Laurence Boubet