Le travail est parasité par un ensemble de grands mythes politiques, médiatiques et managériaux qui rendent difficile la discussion sur ce sujet. Du périodique débat “pour ou contre la valeur travail” aux affirmations selon lequel l’effort paye et le mérite libère, ces mythes nous empêchent de remettre en question l’ordre établi et parasitent notre réflexion pour travailler différent, selon d’autres fins et avec d’autres moyens. Pour cette nouvelle série de chroniques, on revient sur ces mythes qui pèsent, au quotidien, sur notre travail, et viennent légitimer son aliénation. Cette semaine, on parle du présentéisme : la tendance qui consiste à travailler toujours plus – ou à mettre en scène le fait de travailler toujours plus. Pourquoi cette injonction ?
Le travail qui paye est largement une imposture – les dividendes des actionnaires du CAC 40 et le niveau des salaires nous le montrent chaque année – et pourtant nous sommes matraqués par les représentations des conséquences positives du travail acharné et surtout de ses bénéfices intrinsèques. La plupart des séries télévisées à succès mettent en scène des personnages qui sont accablés de travail, mais qui en tirent une certaine fierté et une joie. Pendant des dizaines de saisons interminables, Grey’s Anatomy a mis en scène l’univers impitoyable du monde hospitalier avec comme ressort dramatique principal, outre les habituelles péripéties amoureuses et sexuelles des protagonistes, la course à la réussite professionnelle. Travail de nuit, semaines à rallonge, stress chronique… rien n’est épargné aux internes en médecine des premières saisons.
On retrouve la même apologie du « workaholism » (ou addiction au travail) dans la série Suits ou encore How to get away with murder, qui mettent en scène la vie chargée de brillants avocats. La morale reste peu ou prou la même : non seulement le surtravail permet la réussite…
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Auteur: Nicolas Framont