Pourquoi les discriminations nourrissent l’ignorance – et inversement

En 2021, une étude menée sous l’égide de la DARES sur les discriminations à l’embauche conduit à la conclusion suivante : « en moyenne, à qualité comparable, les candidatures dont l’identité suggère une origine maghrébine ont 31,5 % de chances de moins d’être contactées par les recruteurs que celles portant un prénom et nom d’origine française ». Plus généralement, en dix ans, l’Insee constate une hausse de 4 points des discriminations dont les trois principales sources sont le sexe, l’origine et l’âge. Face à une telle tendance, le Défenseur des droits en appelait à « l’urgence d’agir » et rappelait que « ces discriminations, souvent peu visibles, entravent de façon durable et concrète les parcours de millions d’individus, mettant en cause leurs droits les plus fondamentaux ».

Si de nombreux travaux issus de disciplines comme l’économie, la sociologie ou la psychologie nous offrent des ressources pour penser ce problème, qu’en est-il de la philosophie contemporaine ?

Une réponse pourrait se trouver dans le concept d’« injustice épistémique » forgé par la philosophe Miranda Fricker qui identifie une cause des discriminations dans nos attitudes intellectuelles. À la lumière de cette notion, les injustices sociales ne sont plus seulement liées au fait de mal agir mais également de « mal penser ».

Cette notion est un facteur qui aggrave systématiquement ces injustices – quelle que soit leur nature.

En effet, l’ignorance et l’absence de recul quant à nos propres préjugés, et la confusion entre culture dominante et intelligence entretient ce phénomène.

L’appartenance à un groupe social dominant peut ainsi conduire à croire que son raisonnement est « le bon », « le seul » voire « le meilleur » donc supérieur par nature à celui des groupes dominés. En parallèle, l’accès aux connaissances et le temps disponible pour apprendre et s’informer…

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Auteur: Ousama Bouiss, Doctorant en stratégie et théorie des organisations, Université de Montpellier