Pourquoi les villes françaises résistent encore (un peu) aux géants immobiliers de la finance

Basta! : Vous vous êtes intéressés à la financiarisation de la ville. Qu’est-ce que cela recouvre concrètement ?

Antoine Guironnet : C’est un processus de renforcement des liens entre les marchés financiers et l’environnement urbain bâti. En l’occurrence nous nous intéressons à l’immobilier, mais le phénomène concerne aussi des infrastructures de transport, de réseaux d’eau, d’énergie. Parfois, le terme de financiarisation est pris comme un synonyme de marchandisation. Nous l’utilisons davantage comme une clé de lecture pour comprendre plus spécifiquement le rôle de plus en plus important des acteurs de la finance dans la production des espaces urbains.

Antoine Guironnet est docteur en aménagement et urbanisme à l’Université Paris-Est, et chercheur associé au Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po. Ludovic Halbert est chercheur au CNRS. Ses recherches portent sur les liens entre les mutations du capitalisme contemporain et la transformation des espaces.

Concrètement, il y a différentes manifestations de ce rôle croissant. L’une d’entre elles, c’est la gestion d’actifs immobiliers. C’est-à-dire que des acteurs de la finance, les sociétés de gestion d’actifs, achètent pour le compte de leurs clients-investisseurs des bâtiments de bureaux, des centres commerciaux, des commerces dans les centres-villes, des plates-formes logistiques, des résidences étudiantes ou séniors.

Ce capitalisme de gestion d’actifs prend-il aussi de plus en plus de place dans le logement ?

Ludovic Halbert  : Il faut rappeler que cette relation entre marchés financiers et espaces urbains est ancienne. En France, elle est née au 19e siècle avec l’immeuble de rapport haussmannien, qui abritait à la fois des logements et des activités économiques. Puis, dans les années 1960 et 1970, l’État a de nouveau cherché à s’appuyer sur les marchés financiers dans le…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Rachel Knaebel