Pourquoi l'interdiction de certaines passoires thermiques par le gouvernement est « une arnaque »

D’ici deux ans, les logements les plus mal isolés seront interdits à la location. Une mesure de bon sens mais formulée de telle manière qu’elle ne s’attaque qu’à une infime partie du problème. Explications.

Le gouvernement a annoncé qu’il interdirait la location des pires « passoires thermiques » à partir de 2023. Une annonce en trompe-l’œil selon Jean-Baptiste Lebrun, directeur du CLER-Réseau pour la transition énergétique : seulement 2 % des passoires énergétiques seraient concernées sur les 4,8 millions logements les plus énergivores que compte la France (classés F et G sur le diagnostic de performance énergétique). Pour le comprendre, il faut se pencher sur la récente publication d’un décret sur le seuil de l’indécence énergétique. Que dit-il ? À partir du 1er janvier 2023, tous les logements dont la consommation énergétique excède les 450 kWh (kilowatt-heure) par mètre carré et par an seront interdits à la location.

Or, cette mesure aura un impact très limité, selon Marie Moisan, responsable des projets précarité énergétique au CLER. « La grosse arnaque dans l’histoire c’est que le seuil est bien trop élevé. Les logements qui consomment autant, il y en a peu. » Par comparaison, les logements construits avant 1970, donc assez peu économes en énergie si des travaux d’isolation n’ont pas été accomplis, consomment en moyenne chaque année 200 kWh/m2. Les logements récents, construits depuis 2006, brûlent un peu moins d’énergie. « Des logement à 450 kWh/m2/an, c’est de l’insalubrité, on est au-delà de l’indécence. On s’attaque à un tout petit morceau du problème », pointe Marie Moisan.

« Semer la confusion »

Un autre détail dans le décret en limite profondément la portée. « Le gouvernement parle de plafond à 450 kWh/m2/an en énergie finale [c’est à dire l’énergie consommée et facturée après transformation et transport, ndlr]. Or c’est en énergie primaire [c’est à dire l’énergie « potentielle » contenue dans les ressources naturelle avant transformation, ndlr] que les étiquettes du diagnostic de performance énergétique sont calculées », souligne Marie Moisan.

Or, cette différence de calcul a une incidence particulièrement importante pour les logements chauffés à l’électricité auxquels ce décret s’applique. Il faut en effet 2,58 unités d’énergie primaire pour produire 1 unité d’électricité finale. Concrètement, « le passage en énergie finale revient à permettre aux logements chauffés à…

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Auteur: Malika Barbot