« Pourquoi nous arrêtons les distributions alimentaires pour les mineurs isolés »

D’habitude, quand Agathe Nadimi traverse Paris, elle est chargée de multiples cabas, avec des chaussures, des vêtements, des balles de ping-pong… Un joyeux fourre-tout en fonction des besoins des jeunes exilés qu’elle aide depuis 2016. En ce matin de septembre, elle n’a que son sac à main. Elle y retrouve tout de même quelques cartes de téléphone Lyca égarées, mais elles ne seront pas Agathe et les autres membres de l’association Les Midis du MIE ont décidé d’arrêter les distributions de nourriture aux mineurs isolés non accompagnés qu’ils organisaient quatre midis par semaine depuis sept ans. Elle nous explique les raisons de cette lourde décision, de sa colère, mais assure que le combat sur le terrain et la dénonciation de l’inaction des politiques est loin d’être terminée.

Après sept ans d’existence, l’association Les Midis du MIE arrête les distributions alimentaires pour les jeunes exilés qu’elle tenait quatre fois par semaine. Pourquoi une telle décision ?

Agathe Nadimi : Nous n’arrivions plus à faire face au nombre grandissant de ces jeunes laissés à l’abandon par les pouvoirs publics. Nous ne pouvions plus répondre aux demandes d’aide de première nécessité, incessantes. Nourrir 200 jeunes, ce n’est pas la même chose que d’en nourrir 450, comme en juin lors de notre dernière distribution. Il faut aussi beaucoup de forces humaines pour les encadrer lors des distributions, notamment parce que nous avons toujours fait en sorte que la douceur et la bienveillance soient au cœur de ces rendez-vous au jardin Pali-Kao (dans le 20e arrondissement de Paris, officiellement jardin Gabriële-Buffet, N.D.L.R). Ce sas de respiration était à la fois dans la beauté et la gaieté que dans la possible explosion du désespoir. Ce n’était plus gérable. Notre décision vient donc de l’inaction des pouvoirs publics, de l’indifférence, de l’usure, face à notre…

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Auteur: Vanina Delmas