Pourquoi nous faisons semblant de vivre en démocratie (2/2)

Léonor Franc, écrivain et professeur de philosophie, a mené l’enquête sur un meurtre : celui de notre désir politique. En effet, comme démontré dans un premier volet, nous ne sommes plus en démocratie, bien que nous faisions étrangement semblant d’y vivre. Mais une fois que l’on admet cela, pourquoi ne faisons-nous pas advenir une véritable démocratie ? Second volet, et conclusion, de ce dossier en deux actes sur la frontière politique dans laquelle nous nous trouvons, et ses issues.

Doutes quant à la possibilité ou la pertinence de conférer le pouvoir au peuple, place des religions dans l’exigence du débat démocratique, puissances contraires qui empêchent le surgissement d’un régime démocratique sain et réveil du désir politique : voici la suite des réflexions partagées par Léonor Franc pour Mr Mondialisation. 

Brèves réponses aux objections classiques à la démocratie

1. « Il y a un besoin psychosocial de chef »

Méprisant de la République. Paris 7 février 2023 @Paola Breizh/Flickr

Durkheim, bien qu’il n’ait pas formulé cette objection, explique au moins que, pour éviter la dissolution du social, c’est-à-dire l’anomie, les citoyens doivent se rappeler qu’ils forment un tout supérieur à la somme des parties. Ce tout vient des parties mais les transcende également. Dès lors, on pourrait en déduire que l’horizontalité de la démocratie serait synonyme d’une dangereuse immanence nous conduisant à l’anomie. Une véritable « réunion de citoyens », écrit Durkheim, ne doit plutôt avoir aucune « différence essentielle » avec une « assemblée de chrétiens » (1), tournée vers une transcendance. Pour ce faire, la collectivité pourrait avoir des représentants considérés comme sacrés, c’est-à-dire séparés d’elle. La démocratie directe, quant à elle, serait très paradoxalement antisociale.  

À cela, je réponds que ce nécessaire « sacré » ne s’obtient pas forcément…

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Auteur: Sharon Houri