À l’instar de nombreuses études scientifiques, le récent rapport Changer de cap met en lumière les impacts négatifs de la pêche industrielle sur l’environnement, mais aussi sur l’économie. Cette forme de pêche crée deux à trois fois moins d’emplois et produit presque deux fois moins de valeur ajoutée que la pêche artisanale. Ces chiffres interpellent, d’autant plus que la pêche industrielle est fortement soutenue par des subventions publiques. Les conclusions du rapport semblent alors évidentes : une partie au moins de la solution à la transition sociale et écologique des pêches réside dans la valorisation de la pêche artisanale créatrice d’emplois et moins dépendante de subventions publiques.
Malgré ce constat, la tendance inverse se dessine pourtant. Par exemple, en Bretagne, la Compagnie des pêches de Saint-Malo a souhaité faire l’acquisition d’Annelies-Ilena, l’un des plus grands chalutiers du monde, pour transformer le merlan bleu en pâte de surimi. Bien que le projet soit actuellement en suspens, attendant la validation de l’État pour transférer les quotas de pêche de l’ancien chalutier de la Compagnie des Pêches vers l’Annelies-Ileana, sa concrétisation s’avérerait être un désastre écologique et économique si l’on se réfère au rapport « Changer de Cap ».
Dans la même lignée, le port de Lorient a annoncé à l’automne 2023 une solution encore plus extravagante afin de pallier la baisse des quantités de poissons traitées : la création d’un port de pêche international au Sultanat d’Oman « Ker-Oman », où la pêche est abondante. Le poisson serait importé par avion du Sultanat d’Oman jusqu’à Lorient. D’après les écologistes, le bilan carbone de ces marchandises serait dix fois supérieur à celui d’un poisson classique.
Pourtant, des modèles de gestion des…
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Auteur: Guillaume Carton, Professeur associé en Stratégie, EM Lyon Business School