Pratiquer le sabotage au travail pour lui redonner un sens – Sabotage (2/2)

Il y a quelques semaines, la CGT Energie annonçait des passages de compteurs EDF en heures creuses pour les boulangers victimes de l’explosion de la hausse des prix, suscitant l’ire du gouvernement. Ce type d’action s’inscrit dans une même tradition plus que centenaire, longtemps promue par le mouvement ouvrier et tombée en déshérence, au profit de formes de résistance plus instituées comme la grève ou, nettement moins efficace, le « dialogue social » entre « partenaires sociaux ». Le sabotage au travail a pourtant longtemps été portée par le mouvement ouvrier comme une modalité de reprise en main de son travail. Il ne s’agissait pas forcément de détruire des machines mais de faire autre chose que ce que l’on nous demandait : et si le sabotage au travail était encore de nos jours une façon de reprendre le pouvoir sur son travail et, à terme, de changer la société ? Après une première partie sur la grève de la performance, à lire ici, la suite consacrée aux diverses actions de sabotage possibles.

Saboter pour faire du bien

Not All Heroes Wear Capes (tous les héros ne portent pas de capes) : le 24 janvier dernier, la fédération CGT de l’énergie annonçait des actions de passage en heures creuses des boulangers marseillais frappés de plein fouet par l’explosion du prix de l’électricité. Ces actions “robins des bois” sont illégales et peuvent faire perdre son travail à l’agent EDF qui s’y risque. Mais, revendiquées par un syndicat tout entier, elles ont retrouvé ces dernières semaines une réelle légitimité. Il s’agit là d’aller dans le dur du sabotage, mais avec comme objectif de favoriser les clients ou les usagers.

 « À mon petit niveau, quand je n’ai personne pour regarder derrière mon épaule, j’accorde la gratuité totale des emprunts aux personnes aux minimas sociaux, même si elles n’ont pas de justificatifs sur elles.« 

Zoé, bibliothécaire

C’est ce à quoi s’emploie depuis longtemps Véronique*, secrétaire médicale, qui a bien voulu me raconter, de façon anonyme, ses actions préférées, dont la liste est impressionnante : elle fait annuler les dettes des patients les plus précaires, en inscrivant une mention “dette annulée” dans le logiciel du cabinet, elle ne rappelle pas les personnes précaires pour les rappels de facture… Mais elle fait également un travail méthodique pour faire en sorte que les médecins s’impliquent dans le soin et dans le suivi des patients. Pour cela, Véronique m’a détaillé des procédés qu’on ne diffusera pas…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag