Les États-Unis nous réapprennent quelque chose que nous avions voulu oublier. Comment un homme seul, qui se situe à mi-chemin entre Hitler et Ubu roi, peut mettre en coupes réglées un pays moderne, a fortiori celui-ci, aussi vaste, aussi décentralisé, aussi fier de ses institutions et de sa démocratie. Donald Trump et son homme de main affolé par la kétamine, Elon Musk, ont réussi en un rien de temps à démanteler l’État fédéral, à ruiner les services sociaux, à s’attaquer à tous les lieux de savoir. Et c’est ici que la comparaison avec Hitler, qui a évidemment ses limites, a quelque pertinence.
Comme si soudain tous les contre-pouvoirs avaient disparu, hormis quelques juges promis à la déréliction.
Goebbels faisait brûler les livres, Trump fait interdire les ouvrages jugés trop progressistes, évoquant les questions de genre, les discriminations raciales, le réchauffement climatique. Des mots sont prohibés. Trump a son « art dégénéré ». Il a porté à incandescence cette moitié d’Amérique qui a peur des idées nouvelles et des bouleversements démographiques. Avec lui, la peur a changé de camp. Comme si soudain tous les contre-pouvoirs avaient disparu, hormis quelques juges promis à la déréliction. Les États-Unis se vivent sous occupation. Ces moments de terreur où chacun fait avec sa conscience. Et on a l’impression que, au sein du Parti démocrate, comme à la tête des grandes firmes industrielles et des géants de l’internet, et même des universités, les collabos sont plus nombreux que les résistants. On a vu très vite la lâcheté gagner les Jeff Bezos et les Mark Zuckerberg.
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Des réactions de chefs…
Auteur: Denis Sieffert