« La justice nous ignore, donc on ignore la justice. » Ce sont ces mots de l’actrice Adèle Haenel qui ont convaincu Marine Turchi, journaliste à Mediapart, pionnière dans l’investigation sur les violences sexistes et sexuelles, de se pencher sur le rôle de la justice dans leur prise en charge. Et le constat est amer. Sept ans après #MeToo, les avancées restent encore bien trop insuffisantes.
Faute de preuves, de Marine Turchi, Seuil, 2021.
Quelle différence observez-vous entre les prises de parole d’Adèle Haenel, en 2020, et de Judith Godrèche, quatre ans plus tard ?
Marine Turchi : Quand Adèle Haenel prend la parole, on est dans un moment marqué par la tribune de Catherine Deneuve [qui parle de « droit d’importuner » N.D.L.R.], dans une sorte de retour de bâton par rapport à la parole des victimes de violences sexuelles. La parole de Judith Godrèche, elle, arrive après celles de Valentine Monnier, Vanessa Springora, Camille Kouchner, etc. Donc, forcément, elles ne disent pas la même chose. Le message d’Adèle Haenel, c’est : « Reconnaissez nos récits ». Judith Godrèche, elle, dénonce le silence et dit : « Maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? »
À cette seconde question, c’est de la justice, presque instinctivement, qu’on attend qu’elle joue ce rôle. Y arrive-t-elle aujourd’hui ?
Au vu des chiffres élevés de classement sans suite, non. Le ministère de la Justice ne cherche d’ailleurs pas à obtenir des statistiques affinées en matière de violences sexuelles. Dans mon livre, je raconte un épisode marquant : quand, en 2021, je vais voir la porte-parole du ministère – face à laquelle j’ai dû batailler pour obtenir un rendez-vous –, elle m’avoue qu’ils ne disposent…
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Auteur: Pierre Jequier-Zalc