Prendre en compte la « géodiversité » pour mieux gérer nos territoires

Le 6 octobre 2022 a été commémorée, sous l’égide de l’Unesco, la Journée internationale de la géodiversité. Un événement resté peu médiatisé malgré sa portée mondiale, et relayé en France par de rares initiatives locales. Que cache ce terme encore méconnu du grand public ?

Apparu pour la première fois en 1993, ce concept est directement inspiré du mot « biodiversité », popularisé un an plus tôt lors du Sommet de la Terre de Rio.

La géodiversité représente en quelque sorte le pendant abiotique ou non vivant de la biodiversité. La définition la plus répandue de ce concept fait référence à la variabilité naturelle du monde non vivant dans ses composantes géologiques (roches, minéraux, fossiles), géomorphologiques (relief, processus physiques), pédologiques (sols et milieux d’interface) et hydrologiques (eaux de surface et souterraines), ainsi que leurs structures, assemblages et contributions à la formation des paysages dans une zone donnée.

La géodiversité se décline ainsi en plusieurs composantes qui vont du sous-sol au sol, milieu d’interface entre le vivant et le non-vivant. À l’instar de la biodiversité, la géodiversité est soumise à différentes pressions et menaces tout en étant le support de nombreuses activités et aménagements humains.

Un impensé de la protection de la nature

Les actions de protection de la nature et d’aménagement durable des territoires négligent pourtant les composantes non vivantes qui, elles aussi, font partie intégrante des écosystèmes. Or, ces roches, reliefs, sols ou eaux sont le support essentiel de la biodiversité et contribuent à répondre aux besoins des sociétés humaines.

Malgré son importance, la géodiversité occupe une faible place dans les préoccupations environnementales et les agendas politiques de nombreux pays, y compris en France. Les termes d’« environnement », de « biodiversité », d’« écologie » sont les seuls qui reviennent constamment dans les discours et les esprits des élus, des aménageurs, du grand public et de tous les acteurs impliqués dans les processus de planification territoriale.

Les changements globaux que nous vivons ont des répercussions à différentes échelles, qui se traduisent par de nouvelles réflexions sur une meilleure allocation et une meilleure gestion des espaces. Mais pouvons-nous aménager durablement nos territoires sans avoir une vision globale de ce qu’est un écosystème, dans sa dimension vivante… et non vivante ?

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Le non-vivant aussi nous rend service

Si la géodiversité possède en soi une valeur intrinsèque pouvant justifier sa conservation au même titre que la biodiversité, on a plus récemment commencé à s’intéresser aux services que la géodiversité peut rendre à la société. Ainsi, de nombreux scientifiques ont proposé de décliner à la géodiversité le concept de « services écosystémiques », définis comme les services que la nature rend aux sociétés humaines pour répondre à leurs besoins et bien-être.

Le volcan Gunung Bisma vu du ciel, sur l’île de Java (Indonésie) : les sols fertiles qui entourent le volcan sont occupés par un dense parcellaire agricole.
Google Maps, 2022

Ce sont les « services écosystémiques abiotiques » ou « services géosystémiques », en soulignant l’importance que la géodiversité peut avoir non seulement d’un point de vue culturel, mais également comme fonction de support (développement des sols, support d’habitats naturels), d’approvisionnement (d’eau, de nourriture, de matières premières) et de régulation des cycles naturels (régulation du climat, des cycles des éléments nutritifs, contrôle de l’érosion, de la qualité des eaux).

Prenons l’exemple des montagnes andines et leur rôle dans l’approvisionnement de matières premières ou dans la régulation du climat sud-américain en faisant barrage aux flux provenant du…

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Auteur: Ottone Scammacca, Docteur en Géosciences, Institut de recherche pour le développement (IRD)