Près de Marseille, une montagne de déchets brûle depuis Noël

Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), reportage

La fumée noire et dense des derniers jours a laissé place à des volutes grises et éparses. La structure du gigantesque hangar est arrachée par des bulldozers juchés sur des amas énormes de déchets. L’entrepôt a les allures d’une bête métallique agonisante, aux entrailles en fusion répandues sur le bitume. Plus de deux semaines après le début de l’incendie, qui s’est produit le 26 décembre dernier, les flammes ravagent encore la montagne de déchets dans une odeur saturée de caoutchouc et de plastique brûlés. « En arrivant sur place, on s’est retrouvés nez à nez avec 30 000 m3 de déchets qui s’entassaient sur 10 mètres de haut, sous un hangar fermé », raconte Pierre Bisone, lieutenant-colonel du Service départemental d’incendie et de secours du département (SDIS 13), coordinateur des pompiers sur place.

Les habitants de Saint-Chamas, petit village provençal résidentiel miraculeusement préservé des industries qui bordent l’étang de Berre, à 50 km de Marseille, observent, impuissants, cet amoncellement d’ordures brûler sans discontinuer. Plastiques, bois, matelas, métaux en tout genre composent le magma. Ce sont des déchets industriels banals — ou DIB dans le jargon administratif — que Recyclage Concept 13, l’exploitant du site, stockait, triait et revendait.

L’eau projetée par les pompiers transforme la surface du dôme en une croûte agglomérée. Comme un volcan en éruption, le feu couve de l’intérieur. Depuis vendredi 7 janvier, Recyclage Concept 13 s’attelle donc à déconstruire le hangar afin que les pompiers puissent enfin opérer sans entraves. Difficulté supplémentaire, l’eau utilisée se retrouve contaminée. À 200 mètres du cours d’eau le plus proche de l’étang de Berre, pas question d’arroser abondamment, sous peine de polluer les nappes phréatiques et l’étang. Un gigantesque bassin de rétention a été construit à proximité pour stocker cette eau. Elle devra à son tour être traitée.

© SDIS 13

Un pic de pollution similaire à ceux de Pékin

En attendant, les fumées continuent de saturer l’air des communes environnantes. Dans la nuit du 30 au 31 décembre, AtmoSud, l’organisme de contrôle de qualité de l’air qui a installé une station fixe de contrôle à 300 mètres du site, a enregistré des taux de particules fines PM10 de près de 1 000 microgrammes/m3. La limite maximum d’exposition fixée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur 24 heures est de…

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Auteur: Marius Rivière Reporterre