Près de Montpellier, un contournement routier va gober la garrigue

Grabels et Combaillaux (Hérault), reportage

Ce matin de novembre, la tramontane balaie le plateau de Bel-Air. À 360 °, la garrigue étend son patchwork odorant. Ici, une prairie parsemée de thym et de romarin ; là, sur la colline, une pinède mêlée de chênes verts ; en contrebas, des arbustes automnaux buissonnent le long d’un ruisseau. Emmitouflé dans son manteau, Yves promène son œil naturaliste sur ces paysages, égrenant les noms presque exotiques des habitants de ces lieux. Le glaïeul douteux, qui forme de petites fleurs roses au printemps, la pipit rousseline aux ailes couleur sable, le flamboyant rollier d’Europe, la diane, papillon aux motifs délicats, le lézard osselet, amoureux des rocailles, ou encore la cordulie à corps fin, une odonate d’un vert métallique. « À quelques kilomètres à peine de Montpellier, une telle biodiversité, c’est exceptionnel », s’enthousiasme Yves. Coincé entre les communes de Grabels, Combaillaux et Saint-Gély-du-Fesc, ce vaste espace naturel constitue l’un des derniers poumons verts de la métropole languedocienne. Peut-être plus pour longtemps.

Le département de l’Hérault compte bien construire à travers cet écrin de verdure un contournement routier, poétiquement nommé le Lien, pour « liaison intercantonale d’évitement nord ». Huit kilomètres de goudron à travers le maquis afin, officiellement, de « fluidifier et sécuriser la circulation dans ce secteur ». Sur sa plaquette de communication, le conseil général minimise les conséquences : « La surface imperméabilisée représente moins de 10 hectares, assure-t-il. Le reste de la surface est constituée par les remblais, déblais et autres merlons qui seront végétalisés avec un traitement paysager qualitatif. »

Balade avec Yves, naturaliste, sur le tracé du projet du Lien. © David Richard/Reporterre

Faux rétorque le collectif SOS Oulala, qui se bat contre ce projet. « L’étude d’impact commandée par le département parle elle-même de 70 hectares impactés, sans compter les espaces naturels coupés en deux par la route, explique Yves, accompagné le jour de notre rencontre de trois autres membres du collectif. On a compté 30 000 arbres arrachés, deux sources d’eau potentiellement polluées, et la destruction du milieu de vie de 115 espèces protégées ». Au total, les opposants chiffrent à quelques 80 hectares – 112 terrains de foot – les surfaces naturelles et agricoles qui seraient endommagées par la future route.

Ce pourrait être bien plus, craint…

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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre