Près de Paris, combat pour sauver une « cathédrale » souterraine

Meudon (Hauts-de-Seine), reportage

Avec ses hautes voûtes de plein cintre et ses croisées d’ogives, les galeries souterraines de la carrière Arnaudet ressemblent à une ancienne église. « Voire à une cathédrale ! », s’exclame François de Vergnette, membre du comité de sauvegarde des sites de Meudon. Comme un gamin chassant un trésor, ce maître de conférences en histoire de l’art contemporain scrute une carte pour retrouver les éléments notables des souterrains ; huit kilomètres de boyaux taillés dans une roche blanche et humide, un calcaire argileux qui servait au siècle dernier à fabriquer des peintures, des produits ménagers ou encore les craies des écoliers.

« Pourriez-vous nous mener à la faille karstique et aussi aux anciennes champignonnières qui ne doivent pas être loin ? », demande-t-il à Chikaa* et Melon*, des cataphiles improvisés guides du jour. Les deux jeunes opinent sans grand enthousiasme, plus habitués aux solitudes des profondeurs qu’à balader un groupe dissipé d’amoureux du patrimoine. Ils bifurquent à droite puis à gauche avant d’arriver face à un tunnel sillonné de petites buttes de terre, vestiges des anciennes cultures de champignons. Mais en dépit des recherches, pas de faille karstique à l’horizon. Personne ne semble leur en vouloir et la petite troupe retrouve la lumière du jour.

Dans les tunnels des anciennes carrières et champignonnières de Meudon. © NnoMan/Reporterre

Depuis plusieurs années, la lutte se poursuit pour préserver cet endroit étonnant. Samedi 9 mars après-midi, sous un beau soleil printanier, près de 150 personnes se sont ainsi rassemblées devant l’entrée de cette carrière. Tous étaient réunis pour éviter le comblement qui pourrait selon eux mener à l’urbanisation de la colline toute entière, un site en friche où poussent des herbes folles. Dans la foule, des gens aux cheveux grisonnants passionnés de patrimoine et de géologie, côtoyaient des manifestants plus jeunes : des cataphiles aux pantalons déchirés par les rochers. Beaucoup de participants vivent dans la ville Meudon, au sud-ouest de Paris ou dans les alentours.

« Cette étude est faite par informatique sans que personne ne soit allé sur place »

Cela fait une quarantaine d’années que les maires successifs de la ville aimeraient construire des immeubles sur cette colline. En 1986, les opposants avaient remporté une première victoire en obtenant son classement comme « site scientifique et artistique », bloquant ainsi toute urbanisation. Depuis…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre