Près de Paris, les « Jardins à défendre » résistent aux Jeux olympiques

Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), reportage

« Moi, je ne sais pas lutter, je sais planter. » Mélanie a 50 ans, elle est psychologue. Depuis deux ans, elle possède une parcelle dans le jardin ouvrier d’Aubervilliers : son potager, mais surtout son « anxiolytique ». Comme plusieurs autres jardiniers, elle a dû abandonner sa parcelle le 30 avril dernier.

Car à la place d’une partie de ces jardins ouvriers quasi centenaires devrait être construit un solarium, en extension à une piscine olympique. Et à terme, c’est plus d’un hectare qui est menacé par la future gare de la ligne 15 du Grand Paris Express, un complexe hôtelier et le projet d’écoquartier dans le fort d’Aubervilliers. Pour lutter contre la destruction des dix-neuf parcelles menacées par les rouleaux-compresseurs et les bulldozers, le collectif de défense des jardins des Vertus a créé une Jad (« Jardins à défendre ») et a appelé tous ceux qui le souhaitent à venir les occuper. Mélanie a décidé de rejoindre la lutte.

Dix-neuf parcelles sont menacées par le projet. © Mathieu Génon/Reporterre

Ce jeudi 3 juin, à l’heure du repas, ils sont une dizaine de militants sur les lieux. Plus tard, un groupe de jeunes gens les rejoint. « On peut être une trentaine, parfois une centaine. Ça dépend, les gens viennent quand ils ont du temps libre », explique celui qui se fait appeler Topinambour, étudiant en écologie politique. « Avant j’étais sur la Zad de Saclay. J’ai connu les jardins lors de la manifestation du 17 avril et j’ai décidé de venir donner un coup de main. Ce solarium s’inscrit dans une dynamique d’attrait des classes moyennes et supérieures dans ces quartiers. Je fais un peu partie des publics cibles. Alors je suis là pour dire que non, ça ne m’intéresse pas. Je ne veux pas remplacer la vie des gens qui ont jardiné ici. » En effet, dans le département le plus pauvre de France, qui aura véritablement accès au solarium ? « Sûrement pas les locaux, poursuit-il. Et quand les bourges arriveront, ces cabanes, ces poulaillers de bric et de broc, il faudra qu’ils disparaissent. »

« Qu’est-ce qu’il va rester dans dix, vingt ans ? »

« C’est un lieu magique. Un écrin de nature et de biodiversité dans un environnement toujours plus bétonné et urbanisé. Si ça continue, qu’est-ce qu’il va rester dans dix, vingt ans ?, commente pour sa part Coccinelle. Surtout à Paris, nous avons besoin de ces espaces verts. Ce sont des bouffées d’oxygènes. C’est quand même assez…

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Auteur: Reporterre